Notre Histoire dans l’Histoire : 1ère partie A Découvrir

Quelques moments de notre Histoire … 1ère partie…

    Inconsciemment, nous vivons parmi sur un patrimoine local, un patrimoine riche, présent, mais que, souvent, nous ignorons.  Il contribue par ailleurs à marquer la vitalité et la diversité de notre territoire.

   Nous avons réuni ici des écrits que nous ont laissés Léon Audé (1815-1870) secrétaire général de la préfecture, historien local vendéen; l’abbé Auguste Billaud (1903-1970) chanoine, historien ayant vécu à Monsireigne et plus récemment des recherches de Thérèse Hopko et Michel Bocquier. Depuis peu, les archives de Vendée complètent ici notre Histoire. Nous pouvons constater avec fascination que certains noms de villages, de communes ainsi que des noms de familles qui apparaissent dans ces écrits sont toujours présents aujourd’hui. Ces récits commencent aux temps préhistoriques pour arriver jusqu’à nos jours. Ils nous aident à imaginer comment nos ancêtres ont traversé les siècles en ayant foulé ces mêmes lieux, dans notre région hospitalière du Haut Bocage Vendéen.

Vous pouvez vous y associer. Il nous faut beaucoup de coopération, d’humilité mais aussi un brin d’ambition pour faire vivre notre Patrimoine.

« Il est bon de prévoir et de se souvenir: un œil dans le passé et l’autre vers l’avenir ». Citation de Publilius – Ier s. av. J.-C.

Qui sait le passé peut conjecturer l’avenir.
Citation de Jacques-Bénigne Bossuet (1709).

« La culture est l’âme d’un peuple, les archives en sont la mémoire ».

A la fin, quelques pages sont de temps plus récents, mais bien sûr cet index n’est pas exhaustif. Il peut être enrichi de bien d’autres histoires qui se sont déroulées chez nous. Il en va à chacun de nous, acteurs de notre vie locale, de le compléter en nous faisant parvenir vos documents : textes, photos, écrits, etc…(qui vous seront restitués après consultation). Chacun pourrait y voir l’histoire de ses ancêtres, pour mémoire des générations à venir et pour le grand plaisir des passionnés d’Histoire.

En savoir plus : http://archives.vendee.fr/Monsireigne

Cliquez sur la partie que vous désirez consulter.
  1. La Préhistoire
  2. Ruines Gallo-Romaines ?
  3. Un impôt de guerre en 1479
  4. Débuts de la réforme à Monsireigne
  5. Première guerre
  6. Un hiver terrible: 1564
  7. Un serment
  8. L’édit de Nantes 1598
  9. Décadence du Protestantisme
  10. Les débuts de la persécution
  11. Un double drame 1678
  12. La persécution 1680
  13. La révocation de L’Édit de Nantes
  14. La Seigneurie de La Chauvinière en 1685
  15. Les Assemblées du Désert
  16. Les nouveaux convertis 1699
  17. Où se marier ? 1726
  18. La Chauvinière
  19. Les pasteurs réapparaissent
  20. Recensement 1760
  21. A la veille de la Révolution
  22. Espérances 1789
  23. Monsireigne sous la Révolution – 1789 –
  24. Nouvelles méthodes de culture
  25. O égalité ?
  26. Une loi étrange 1790
  27. Division 1791
  28. La loi d’exil 1791
  29. La Baudonnière jusqu’à nos jours
  30. Les Seigneuries
  31. Jean Tisseau, soldat de l’Empire (1786-1861)
  32. Les Fabriques : 1789
  33. 1830 – Histoire de maisons
  34. Un accident tragique – 1825 –
  35. Histoire locale 1850
  36. La Voie Ferrée – 1871
  37. Des Sirénémontains émigrent au Canada –
  38. Petit Clou: 1914-1918 –
  39. La collaboration : 1939-1945 –
  40. Camp d’internement: 1940-1945
  41. Charles Tillon
  42. Le travail au début du XXème siècle
  43. Le Prix Nestlé – 1954 –
  44. La légion d’Honneur d’Edmond Chateigner – 1960.
  45. Nauleau : Les planteuses « L’invincible ».
  46. Le Monument aux Morts
  47. OVNI : 3 mars 1975
  48. Ancienne épicerie: Dédette
  49. Anciens maires
  50. L’abbé Auguste Billaud

 

1- La Préhistoire

En 1972, lors du remembrement, l’arrachage des haies et le nivellement des terrains nous a montré que la région de Monsireigne fut habitée dès l’antiquité. En face du Petit Clou, au lieu-dit La Pile Ménard, nous avons fait des découvertes très anciennes. J’ai fait venir Mr Rouillon des Herbiers et Mr Lagneau de Beaurepaire qui avaient des connaissances en archéologie. On a découvert des « bolas » des pierres taillées en boules de différentes grosseurs de 7 à 12 cm de diamètre qui, à l’époque, servaient à se défendre contre les attaques.Une hache en pierre taillée du pays (de la diorite), une pierre ovale de 20 cm de circonférence environ, d’une longueur de 15 cm, un peu en forme de poire percée d’un trou la traversant vers la pointe (Il y a la même au musée de Carnac, dans le Morbihan. Des racloirs en silex de forme de petites coquilles St-Jacques plus épais du côté où on le prenait avec les doigts et tranchant comme une lame de l’autre côté. Histoire Préhistoire bC’était sans doute pour tailler dans le bois et la pierre. D’après Mr Rouillon et Lagnau, tous ces objets avec le menhir de Pierre Folle près de la Chauvinière peuvent dater entre 2000 et 4 000 ans avant notre ère.Histoire Préhistoire e

Dans le même terrain, il y a eu ensuite une occupation gallo-romaine avec des fondations de constructions sur une grande surface. Il y avait un four dont on a récupéré des pierres rougies par le feu, probablement les bases d’un trépidarium pour les bains tièdes, des morceaux de tuiles qui sont exactement de la même forme que celles que l’on peut voir à Pompéi au pied du Vésuve, en Italie. Histoire Préhistoire cNous avons aussi trouvé des petits anneaux en terre cuite destinés à être enfilés pour réaliser un collier, un bracelet en bronze avec des décorations incrustées, des morceaux de poteries en terre cuite et en bronze.

Histoire Préhistoire aJe suis arrivé trop tard sur les lieux, le bulldozer avait tout nivelé, tout cassé. La majeure partie de ces trouvailles a été emportée par Mr Rouillon qui pensait les installer dans le musée du Bois-Tiffrais. Mrs Rouillon et Lagneau sont décédés peu de temps après et j’ignore ce que sont devenues toutes ces antiquités. Informations données par Raymond DAVIAUD – 2013 .

 

2- Ruines gallo-romaines ?

Q-ruines

Monsireigne fut-il habité dès l’antiquité ? Il semble que oui ; du moins si l’on en croit une étude de Léon Audé qui rapporte ce qu’il a lu dans l’Annuaire de la Société d’Emulation de la Vendée, en 1857.

Léon Audé aurait vu, non loin du Grand Chantefoin, dans une pièce de terre située dans la section B, n° 1479 bis, du Cadastre de Monsireigne, les débris de deux tombeaux gallo-romains en calcaire avec un chevet légèrement concave pour la tête des morts.  Autour quelques débris très réduits de tuiles romaines !

Écrits : Abbé Billaud

 

 

3- Un impôt de guerre en 1479

De l’immense période qui va de l’époque Gallo-Romaine à la fin du XVème siècle, nous ne savons à peu près rien !

Q-ruines

Clovis passa en Gaule et Dagobert et Charlemagne. Les Normands ravagèrent nos côtes. Les Capétiens s’installèrent sur le trône de France. Les Croisades soulevèrent d’enthousiasme de la Chrétienté. Les Anglais devinrent maître du Poitou au XIIème ; Saint Louis les en chassa au XIIème. Quel fut l’écho de ces faits pourtant énormes sur le pays de Monsireigne ? Nous l’ignorons.

Nous savons seulement qu’en 1278, la seigneurie de Monsireigne, ainsi que celle de la Morvien et autres lieux passa des mains de dame Alix de Mauléon (Châtillon-sur-Sèvre) à celles d’Aimeri de Thouars.

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C’est aussi au XIIIème siècle, que fut bâti la plus grande partie de l’église actuelle.

Et les années continuèrent à couler. La Guerre de Cent Ans vint. Les gens de Monsireigne entendirent-ils parler des exploits de Du Guesclin ? De l’histoire merveilleuse de Jeanne d’Arc ? De l’exécution, à Nantes, en 1440, du seigneur de Pouzauges, le fameux Gilles de Retz ou Barbe-Bleue ? C’est à croire, mais nous n’en savons rien.

Un fait dut cependant exciter vivement les curiosités : ce fut le séjour, non loin de Sigournais, au château de Dinchin, en 1472, du Roi Louis XI et de sa suite.

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Sept ans plus tard, le même Roi, ayant besoin d’argent pour faire la guerre à Maximilien d’Autriche, gendre du défunt Charles de Téméraire, leva sur tout son peuple un impôt de guerre. Impôt très justifié du reste : il s’agissait de faire revenir au Royaume de France les immenses possessions du fameux duc de Bourgogne.

Le Bas-Poitou fut taxé à 3 800 livres. Une étude en 1879 dans l’Annuaire de la Société d’Emulation nous donne le détail de l’impôt levé sur chaque paroisse. Ces chiffres nous renseignent sur l’importance relative de ces paroisses en 1479.

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Roi Louis XI

  • Monsireigne fut taxé à 10 livres 10 sols
  • Le Boupère fut taxé à 35 livres
  • Saint-Prouant fut taxé à 5 livres 5 sols
  • Sigournais fut taxé à 7 livres
  • Chavagnes (sans les Redoux) à 7 livres

On peut se demander ce que valait la livre et le sou de l’époque. Ce n’est pas facile à savoir. La seule indication qui nous soit fournie est celle de Malet.

D’après lui, vers 1515 :

  • Une barrique de vin de 200 litres se vendait 2 livres ou 40 sous. Un maçon gagnait en moyenne 4 sous par jour. Il s’ensuit qu’avec ses 4 sous, il pouvait acheter 20 litres de vin.

Si l’on pense qu’aujourd’hui, en1950, le litre de vin, pris chez le producteur, se vend dans le Haut-Bocage 35 francs en moyenne, il faut en conclure qu’une journée de maçon en 1515 équivalait à 700 francs d’aujourd’hui !

Sur cette base, la paroisse (On ne parla en France que de paroisse jusqu’à la Révolution) de Monsireigne, taxée à 10 livres 10 sous, avait à payer une somme de 37 750 francs. Mais faut-il le dire ? Ces chiffres n’ont qu’une valeur toute relative; on ne peut donc en tirer aucune conclusion.

Notons plutôt, pour finir cette période, qu’après la Guerre de Cent Ans, terminée en 1453, la France connut de nouveau une remarquable prospérité. Cette prospérité devait durer jusqu’aux Guerres de Religion.

Écrits : Abbé Billaud

4- Le début de la Réforme à Monsireigne.

henri_4a Histoire Calvin

Henri IV (1553-1610) né à Pau, roi de Navarre.

 

Jean CALVIN (1509-1564) – Français –

C’est un fait bien reconnu que le mouvement de la réforme en ses débuts a surtout gagné la noblesse et les milieux ouvriers.

Dans le Bas-Poitou en particulier la presque totalité de la noblesse se fit Protestante. La région de Pareds, répondant à peu près aux cantons actuels de la Châtaigneraie, Chantonnay et Pouzauges, région occupée surtout aux tissages, donc ouvrière, passa elle aussi en grande partie à la Réforme.


É poque de François IerHistoire François Ier

Monsireigne se trouvant dans cette région, suivit le mouvement.

Vers quelle date a-t-on commencé à prêcher le Protestantisme à Monsireigne ?

Une note de L. Brochet, dans son volume : « La Vendée, à travers les âges » prétend que, de 1515 à 1528, la châtelaine du Parc-Soubise de Mouchamps faisait enseigner la doctrine de Calvin dans les églises de Mouchamps, Vendrennes et Rochetrejoux.

Il y a là, sans nul doute, une erreur. Ce n’est qu’en 1533 que Calvin manifesta ses idées nouvelles. Son fameux livre : « De l’Institution chrétienne », est de 1535. Écrits : Abbé Billaud

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5- Première guerre (XVIème siècle).

Les esprits étaient très montés en France quand le massacre de Vassy (1er mars 1562) mit le feu aux poudres. Les Protestants se soulevèrent dans tout le Royaume. Ceux du Bas-Poitou ne furent pas les derniers à courir aux armes.

Le 15 avril 1562 : Les habitants de Monsireigne se font remarquer parmi les Protestants qui surprennent et pillent Luçon.

Le 30 avril 1562, dit L. Brochet , les Protestants de Fontenay, Luçon, Chantonnay, Foussais, Monsireigne, etc… pénètrèrent avec épées, pistolets, arquebuses, hallebardes, armures et autres bâtons prohibés, dans la Cathédrale de Luçon défendue par le chanoine Chateclerc, la saccagèrent, brisèrent les statues, déchirèrent les tableaux, renversèrent les autels. Ils pillèrent le palais épiscopal et les maisons des chanoines ».

Époque de Charles IX

Si l’on en croit Brochet, les protestants de Monsireigne se firent remarquer ce jour-là parmi les plus acharnés.

Il va de soi que les églises de campagne subissaient le même sort que la Cathédrale. Le 5 mai 1564, les curés de Pouzauges, Monsireigne, Le Tillay, Les Redoux, Chavagnes, le Tallud, Sainte-Gemme, écrivaient à l’évêque de Luçon pour lui dire que depuis de long mois, le culte catholique ne se célébrait plus dans leurs paroisses, les églises y étant plus ou moins détruites.

L’église de Monsireigne, à cette époque, eut sa nef ravagée par les flammes.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 

 

6- Un hiver terrible (1564-1565)

Ce fut celui de 1564 – 1565. D’après la très curieuse chronique du Langon, cet hiver, l’un des plus durs que la France n’ait jamais vu, dura 3 mois : du 17 novembre 1564 au 24 février 1565.

Il neigea énormément : la neige montait partout à mi-jambes; en certains points, le vent l’avait amassée sur 6 pieds (2 mètres) de hauteur ! Elle gelait en tombant et était fort dure.


L’époque de Charles IX

Subitement le dégel vint et ce fut pire encore ! L’eau de neige fondue, ne pouvant s’enfoncer dans le sol encore gelé, se répandait de tous côtés : il y eut des inondations désastreuses !

Si l’on en croit les chroniqueurs, le froid fut si dur que la crête des coqs et des poules gela. On raconte qu’un brave homme, charroyant une barrique de vin, vit tout à coup les cercles de la barrique écarter. Mais pas une goutte de vin ne se perdit : le liquide était devenu un bloc de glace. Il n’eut plus qu’à en faire dégeler les morceaux avant de les mettre dans une autre barrique.

C’est au cours de cet hiver aussi que l’on vit, dit-on, ce phénomène curieux. Il gelait jusque dans les maisons, jusque sur la pierre des foyers allumés. Si on mettait un grand pot d’eau au feu, il arrivait que l’eau bouillait par devant, du côté du feu, tandis qu’il y avait encore des glaçons par derrière, du côté de la poignée !

Dieu nous préserve de jamais revoir un hiver semblable !

Ecrits : Abbé Billaud

 

7- Un serment (1567)

En 1565, la cure de Monsireigne est confisquée par les Protestants qui y installent un pasteur.

Le 13 décembre 1567, plusieurs gentilshommes des environs de Pouzauges, dont le sire René de Couhé, seigneur de la Chauvinière, s’étant rassemblés, en présence de leur pasteur, M. Moreau, dans l’église de Pouzauges, prononcent le serment suivant :

 » Étant tous assemblés après l’invocation du nom de l’Eternel, pour adviser au maintien et accroissement de notre Sainte Religion Réformée, promettons unanimement vivre et mourir en icelle et renonçons tous aux superstitions et idolâtries papistiques, pour n’y jamais retourner, ains (mais) protestons de les abhorrer et détester de tout cœur… avons résolu d’une même volonté, d’abattre, ruiner, détruire le temple, autrement la Babylone papistique (l’église) de ce dit lieu… »

1565 : A partir de ce moment, le culte catholique cesse jusqu’au rétablissement de la paix. Les protestants forment environ le quart de la population.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 

8- L’Édit de Nantes : 1598

La lutte continuait donc, en France, entre Protestants et Catholiques. A Monsireigne, il n’y avait pas de lutte, les Protestants y étant, depuis le début, les maîtres incontestés. Leur parti se renforça encore, en 1576, par l’arrivée du sir Loyau, originaire de Saint-Paul-en-Pareds. Loyau, dont la descendance devait dominer plus tard sur Monsireigne, habita d’abord le bourg, en attendant d’aller s’installer, en 1628, à la Bouillaterie.

Henri IV mit enfin un terme aux Guerres de Religion en octroyant à ses anciens coreligionnaires, le célèbre Edit de Nantes (1598).

Cet édit accordait aux Protestants cinq « places de sûreté » en Bas-Poitou. C’étaient : Fontenay, Maillezais, Talmont, Beauvoir et La Garnache. Douze pasteurs devaient installés la région. Les proches de Monsireigne étaient installés à Mouchamps, Mouilleron, Pouzauges et le Puybelliard.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 

9- Décadence du protestantisme

La paix revenue, on aurait pu s’attendre à une nouvelle expansion du protestantisme en Bas-Poitou. Il n’en fut rien. Dans la première moitié du XVIIème siècle, on note dans nos contrées un recul constant et rapide de la Religion Réformée.

Fut-ce l’effet de l’échec des deux soulèvements protestants de 1622 et de 1628 ? C’est possible. Toujours est-il que désormais, on constate, dans nombre de paroisses du Bas-Poitou, la disparition graduelle des Réformés. Ils ne se maintiennent nombreux encore que dans certaines régions, notamment autour de Monsireigne.

Époque de Louis XIV

D’après B. Fillon, dans son « Histoire de l’Église Réformée de Fontenay-le-Comte », le chiffre des protestants, de 1550 à 1650, tomba de 50 000 à 10 000.

Dans son Histoire de l’Église Réformée de l’Édit de Nantes en Bas-Poitou », F. Baudry affirme :  » La Religion prétendue Réformée était en train de disparaître d’elle-même quand l’on s’avisa de la persécuter ».

C’est pendant cette période qu’eut lieu, le 15 mai 1646, à la Baudonnière, le mariage de Pierre Loyau, sieur de la Bouillatrie (la Bouillatrie était alors située en contre-bas, presque sur les bord du Lay) et de Jeanne Vinet, dame de la Baudonnière.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 

10- Les débuts de la persécution

La persécution ne s’abattit que peu à peu sur les Protestants. Il y eut d’abord la période des tracasseries légales.

Un arrêt de 1657 décida que les temples bâtis par des seigneurs protestants seraient démolis s’ils passaient, par héritage ou autrement, aux mains d’un seigneur catholique. Ce fut bientôt le cas au Boupère.
Époque de Louis XIV
En 1665, un nouvel arrêté prescrit la démolition immédiate de 22 temples, dont celui du Boupère. Ces temples furent effectivement démolis. Il n’en restait désormais plus que trois en Bas-Poitou : à Fontenay, à Mouchamps et à Pouzauges.
Par contre, l’exercice du culte réformé est toujours autorisé aux Touches de Chavagnes, pourvu que les châtelains y résident. C’est un privilège seigneurial.
Désormais, les Protestants de Monsireigne vont, plus que jamais, aller au culte aux Touches, chez les Gentils, seigneurs du lieu.
Pendant une quinzaine d’années, un certain calme reparut. C’est au cours de cette période qu’un double drame secoua d’indignation et d’horreur les braves gens de Monsireigne.
Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 

 11- Un double drame: 1678

En 1666, la Chauvinière avait été achetée par le sire Marveillaud de Fourchefière. C’était un triste sire : brutal et débauché.
Époque de Louis XIV
Un jour, 28 juillet 1678, passant dans un champ de la Chauvinière, appelé « Champ de Pouillère », il aperçut une jeune fille en train d’y glaner. Or, il avait interdit de glaner dans son domaine. Il courut, sa grosse canne levée, en jurant, sur la pauvre fille. C’était une fille du Bois-Tiffrais, Marie Bridonneau, âgée de 20 ans. « Il la prit à ses robes, dit l’enquête, la traîna de force dans le fossé en bas du champ, quoiqu’elle s’écriât : « A la force ! » « A l’assassin ! » et y résistât de son possible. Le Misérable la menaça de son poignard si elle ne se taisait pas. Puis, malgré ses pleurs et ses cris, il lui fit subir les derniers outrages et la laissa, tout ensanglantée, dans le fossé.
La malheureuse alors se releva, comme folle de désespoir. Elle courut chez son père, fileur de rouet au Bois-Tiffrais. Le père n’était pas à la maison. Il n’y avait là que sa femme, belle-mère de la victime. Au lieu de compatir aux peines de la pauvre fille, la belle-mère l’accabla d’injures, la traitant de « saloperie » et autres noms de même genre !
Se voyant ainsi insultée après avoir été outragée, Marie Bridonneau perdit la tête. Elle retourna à Pouillères ; il y avait dans un petit pré un « doué » : elle s’y jeta et s’y noya !Histoire mare L’émotion fut grande dans le pays et aux alentours. Le sieur Marveillaud fut cité à comparaître devant le sénéchal-juge de Puybelliard. Il se nommait Pierre Bouquet. Il était protestant, comme l’accusé, et comme la victime. Sans doute chercha-t-il a étouffé l’affaire : Marveillaud ne fut condamné qu’à une amende dérisoire de 50 livres.
Mais il semble que le vilain sire, devant l’indignation populaire, dut quitter le pays.
Le « doué » de Pouillère existe toujours, dans un petit pré de la ferme Billaud, du Bois-Tiffrais. Les Femmes du Bois-Tiffrais, qui vont y laver à longueur d’été, ne se doutent certainement pas du double drame qui se joua par une chaude journée de juillet 1678 dans ce coin toujours si frais et aujourd’hui si paisible.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 

12- La persécution: 1680

Mais voici que s’ouvre une ère de véritables persécutions pour les Protestants. Nous sommes en 1680. Le Poitou est alors gouverné par l’intendant Marillac. Voulant faire sa cour au Roi qu’il sait hostile aux Réformés, Marillac entreprend de les convertir de force.
Il augmente d’abord les impôts des Protestants ; il fait en même temps savoir qu’il diminuera les impôts de ceux qui se convertiront. Quelques conversions se produisent, mais pas assez nombreuses au gré de l’intendant.
Époque de Louis XIV
Il inaugure alors, à l’insu du Roi, un nouveau système : il installe chez les Protestants des Dragons avec la consigne de tourmenter leur hôtes jusqu’à ce qu’ils abjurent. Les misérables, soudards endurcis par les guerres, sans cœur et sans mœurs, s’en donnent à cœur-joie.
Les Dragons entrent en Bas-Poitou par Benet, en 1681. Une réputation sinistre les précède. Ils ne restent, habituellement, que deux jours sur place. Mais cela suffit : une foule de Protestants, pour se débarrasser de leur présence, fait semblant d’abjurer.
Mais bientôt, le Roi, apprenant ce qui se passe, se fâche. Les Dragons quittent le Bas-Poitou. Marillac lui-même, tombé en disgrâce, est rappelé en janvier 1682. Les « missionnaires bottés » n’ont pas eu le temps d’arriver jusqu’à Monsireigne ; l’intervention royale les a arrêtés alors qu’ils étaient à Mouilleron.
Avant de partir, Marillac fait, au début de janvier 1682, en compagnie de l’évêque de Luçon, son ami, Mgr de Barillon, une tournée dans la région de Pouzauges. Le prélat et l’intendant pressent les Protestants d’abandonner leur religion, promettant au nom du Roi une notable diminution d’impôts à ceux qui se feront catholiques. Cette tournée n’est pas sans résultats. On note 40 conversions à Pouzauges, 80 au Boupère, 35 à la Meilleraie, 10 à Tillay, 51 à Saint-Prouant, 66 à Monsireigne.
Là-dessus, un calme relatif s’établit. Cependant, en 1693, le temple de Mouchamps est supprimé. En 1684, l’autorisation d’aller au culte dans les châteaux habités par des seigneurs protestants, est réduite aux gens de l’aménage. Les Protestants de Monsireigne qui, jusque-là, pouvaient assister au culte aux Touches de Chavagnes, doivent donc désormais monter au temple de Pouzauges. En août 1685, ce temple lui-même est supprimé. Et voici que la persécution reprend, plus brutale que jamais.
Le 12 septembre 1685, les Dragons, qu’on n’avait pas vus en Bas-Poitou depuis quatre ans, réapparaissent. Le 15, ils sont à Pouzauges, où le seigneur les a appelés. Poussent-ils jusqu’à Monsireigne ? Il ne semble pas. Dès le 20, les mêmes Dragons sont à Mareuil.
La noblesse protestante, à qui on a jusque-là épargné les « dragonnades » doit les subir elle aussi. Les violences exercées sont telles qu’à la seule approche des soldats, les Réformés abjurent en masse. L’Intendant du Poitou envoie à Versailles des bulletins triomphants. A l’en croire, il ne reste plus désormais de protestants dans la région. De fait, dit Baudry dans son « Histoire de la Révolution de l’Edit de Nantes » « Presque toute la noblesse abjura en peu de semaines » « 211 gentilshommes », précisa Brochet.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 

13- La révocation de l’Edit de Nantes: 1685Histoire Edit de Nantes

Impressionné par les dépêches de ses Intendants, Louis XIV se décide alors à une mesure très grave. Puisqu’il n’y a plus de Protestants en France, l’édit de Nantes, qui les concernait devient inutile. L’édit est donc révoqué, le 17 octobre 1685.

Les pasteurs doivent quitter le royaume dans les 15 jours, à moins qu’ils ne préfèrent abjurer eux aussi. Sur les 19 pasteurs qui se trouvent alors en Bas-Poitou, 17 préfèrent l’exil à l’abjuration. De ce nombre est Louis Collardeau, ministre aux Touches depuis 1678.
Époque de Louis XIV
Il ne nous appartient pas de juger cette révocation. On peut seulement faire remarquer, avec l’historien Lavisse, que les Catholiques de France se conduisirent, en 1685, à l’égard de leurs compatriotes Protestants, exactement comme ceux-ci se conduisaient à la même époque à l’égard des Catholiques, dans les pays où ils avaient la majorité, par exemple en Hollande, en Angleterre, en Suisse et en Allemagne.

 14- Seigneurerie de Chauvinière en 1685 Histoire Chauvinière

Le Seigneur de la Chauvinière, (dont nous avons parlé dans l’Annuaire de 1855), était René de Couhé, proche parent des de Couhé, du Bois-Tiffrais. Après les de Couhé, nous trouvons Josué Robineau-Saint-Martin que Colbert de Croissy, dans son Rapport sur le Poitou (1666), représente comme étant de mœurs fort douces. Mais l’homme doux et qui n’avait d’autre passion que la chasse, devint un courageux défenseur de sa foi pendant les persécutions de la révocation de l’édit de Nantes.

Époque de Louis XIV
Dès le début, il fut signalé comme un des plus entêtés Huguenots. Au mois de novembre 1685, un mois après la signature de l’édit, Louvois écrivait à l’intendant Foucault « L’intention du Roi est que les Dragons demeurent chez les gentilshommes de la R.P.R du Bas-Poitou jusqu’à ce qu’il soient convertis et qu’on les laisse faire le plus de désordre qu’il se pourra ».
Quelque temps après avoir reçu cette instruction, le 9 janvier 1686, Foucault consignait dans ses Mémoires cette observation :  » M. de Louvois m’a envoyé un ordre du Roi, sur mon avis, pour envoyer le Sieur de la Chauvinière au Château de Pierre-Encise (prison d’État près de Lyon), cela pouvant contribuer à sa conversion ». Et plus loin :  » Le Sr de la Chauvinière est celui qui a paru le plus opiniâtre et qui s’est remis volontairement en prison à Niort; il a été envoyé à Pierre-Encise. Son fils s’est converti ».
Si cet ordre fut exécuté, Sr de la Chauvinière fut élargi ou s’évada dans le courant de l’année, car au commencement de 1687, il fut arrêté à Paimbœuf, au moment où il s’embarquait pour l’Angleterre avec une trentaine de Protestants, la plupart appartenant à notre province. Voici les noms de quelques-uns de ces fugitifs, d’après une pièce des archives générales de l’État : La femme de José Robineau-Chauvinière; Charlotte Gentils, âgée de 26 ans; ses deux belles-sœurs, Isabelle-Marie et Gabrielle et leur femme de Chambre; Henri de la Barre; Renée Buor, veuve de Henri de la Varenne; Sr de la Chalonnière; Jacques Saoulet, Sr de Laubraie, d’une famille originaire de Pouzauges ; Charles Béjarry, Sr de la Grigonnière.
C’était de cette capture que Foucault donnait avis à Louvois, lorsqu’il inscrivait cette note dans ses Mémoires, le 4 février 1687 :
 » J’ai mandé à M de Louvois qu’il avoit été arrêté trente à quarante personnes qui s’étoient embarquées avec le Sr de la Chauvinière. On a prétendu que le Sr de la Rochegiffart, gentilhomme qualifié, qui a des terres sur les confins de la Bretagne et du Poitou, qui a sollicité le Sr de la Chauvinière et beaucoup d’autres religionnaires de passer en Angleterre, où lui-même avait passé par permission du Roi (Mémoires de Foucault, à la suite de ceux de « de Sourches »)  »
Quoique captif, Sr de la Chauvinière n’en resta pas moins inébranlable dans sa foi. Nous ne savons s’il fut enfermé de nouveau à Pierre-Encise, ni ce qu’il devint ensuite.
Robineau-Saint-Martin, bien qu’il soit nommé Sr dans les documents qui précèdent, ne devait plus être sgr de la Chauvinière depuis 1666, époque où nous croyons qu’il la vendit à Henri Marvillaud de Fourchefière.
Le 22 mai 1692, la veuve de celui-ci Madeleine de Cumont, tutrice de ses filles Clorinde-Suzanne et Henriette-Angélique, comparait devant le sénéchal de la Châtellerie de Chavagnes et des Touches et fait hommage au seigneur de cette châtellenie pour : »çavoir est de la maison noble, terre et seigneurie de la Chauvinière, située en paroisse de Monsireigne et fiefs en dépendans, avec le droit de haulte justice, moyenne et basse, prérogative et prééminence qui a tels fiefs appartiennent de droit et de coutume, droit de bastir et construire maisons et forteresses avec tours, guérites, créneaux, pont-levis, chaussées, pavillons et autres fortifications, droits de chasse, garenne, et fuye, tout ainsi que les sieurs de ladite maison noble de la Chauvinière ont coutume de servir… »

15- Les Assemblées du désert: 1697

Histoire Protestant AssembléesDe 1685 à 1697, le calme règne à Monsireigne et aux alentours. Théoriquement, il n’y a plus de Protestants. Tous les enfants qui naissent dans la paroisse sont baptisés à l’église. Il y a 13 baptêmes notés sur le registre en 1685 ; mais on en compte 27 en 1688. Les fiancés sont mariés à l’église ; les défunts passent tous par l’église. André Loyau lui-même, mort en 1695, est enterré à l’église.

Mais ce calme n’est qu’apparent. Ces conversions, obtenues par la contrainte, ne sont pas sincères ; elles ne peuvent pas être sincères.
Époque de Louis XIV
Brusquement, au début de 1697, le Protestantisme se réveille. Des assemblées nocturnes s’organisent, timidement d’abord, puis avec plus de hardiesse.
On en note, dès les premiers jours de mars, au Petit-Tillay. Le 7 mars, une assemblée de 1 000 personnes se tient aux Lattries de Tillay. Le sacristain de Monsireigne, Pasquier, rencontre les ex-Protestants de la paroisse s’en allant par bande à cette assemblée, sous la conduite d’un vieil homme de Saint-Prouant nommé Bonnenfant.
« C’était, dit-il, une aventure courante de rencontrer les troupes de nouveaux convertis quittant en masse leurs villages pour se rendre à l’assemblée. Au début, ils évitaient les regards, craignaient encore les espions. Mais ensuite, sentant mieux leur force, les Huguenots (mot allemand donné couramment aux Protestants autrefois) prirent des allures plus libres ; ils passaient par centaines, armés d’épées et de fusils, malgré les ordonnances, ouvrant les échaliers, foulant les terres, gâtant les blés au passage, terrifiant les catholiques qui n’osaient plus sortir de chez eux le soir à l’heure où marchaient les Huguenots. Beaucoup, cependant, poussés par une ardente curiosité, se glissaient dans l’ombre « pour entendre des psaumes », les vieux chants réformés, longtemps proscrits, que l’on osait à peine lire à la veillée, retentissant maintenant dans les campagnes « avec un bruit si grand qu’il jetait l’étonnement dans l’esprit de ceux qui les entendaient » D’autres gens, plus hardis, pénétraient dans les assemblée, « n’osant lever la tête de crainte d’être connus » obligés, pour ne pas se faire remarquer, de déposer un liard dans le plat éclairé d’une chandelle que, suivant l’usage protestant, l’on tendait à la sortie »
La plus célèbre assemblée est sans conteste celle qui se tint au Bois-Pouvreau du Boupère, dans la nuit de 16 au 17 mars 1697.
Les Protestants y affluent de 15 paroisses voisines. Le 16 à 4 heures du soir, plus de 4 600 personnes sont déjà arrivées, et il en vient encore par tous les chemins Deux jeunes gens assurent le service d’ordre : ce sont les fils Masson, de la Sannelière de Monsireigne. Le fermier de Bois-Pouvreau, Villenot, ancien protestant, s’arrache les cheveux de désespoir en voyant que tout ce monde « plie » son blé sans souci. La foule étant trop considérable, une partie se transporte dans la grange de la Menanterie, à Rochetrejoux. La nuit entière, les bois d’alentour résonnent du chant des cantiques, alternant avec la voix des prédicateurs.
Du coup, le gouvernement, alerté, s’émeut. Esther Bossion, gouvernante à la Débutrie, qui a préparé la réunion, est arrêtée le 22 mars. Devant le tribunal, elle crie : « On nous a persécutés ; nous persécuterons à notre tour ! » L’affaire se termine par une amende de 2 000 livres, infligée aux 11 paroisses voisines : Monsireigne est du nombre.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

Les assemblées du Désert.

Pour prier, les Protestants se rassemblaient illégalement.Sous la surveillance tracassière des gendarmes de Louvois, ils prirent l’habitude de se réunir, la nuit, en des Assemblées clandestines que l’on appela « Assemblées du désert ». Rien de plus curieux que ces réunions mystérieuses, où on lisait et méditait la Bible, où on chantait quelques psaumes, où, surtout, l’on entendait la prédication enflammée des Pasteurs.Que de fois nos Catholiques furent intrigués par ces allées et venues suspectes de leurs voisins. A la chute du jour, ils les voyaient, par groupe de 10 ou plus, se glisser dans les chemins creux, sauter les échaliers, suivre les chaintres… Que se passait-il ? Bien vite nos « papistes » furent éclairés par ces ténébreux agissements: c’étaient des « dissidents » qui se faufilaient, à la faveur des ténèbres, jusqu’à des champs de genêts, à certaines grandes de fermes, certains cours de gentihommières… pour leurs réunions.
Il se tint de ces Assemblées au Petit-Tillay, à Chantefoin, aux Redoux, aux Touches de Chavagnes, …
Une aux Latteries de Pouzauges, le 7 mars 1697, chez André Biteau, rassembla un millier de participants au dire de P. Pasquier, sacristain de Monsireigne, qui rencontra des groupes importants qui s’y rendaient (Déposition au Procès). Il y en avait de Pouzauges, de Monsireigne, de Chavagnes, des Redoux, de Tillay …En s’y rendant, nos gens emportaient des armes pour se défendre au besoin. A une Assemblées aux Latteries, l’on compta 50 fusils et nombre de gourdins à en croire J. Auvignet, témoin au Procès. Dans ces conditions, les Protestants du quartier pouvaient s’estimer tranquilles… trop tranquilles … car oublieux de toute précaution bravant même les règles de la plus élémentaire prudence. Ils se firent prendre en fin de compte: ce fut l’affaire du Bois-Pouvreau.
De nouvelles réunions ayant eu plein succès à la Chauvinière, en Monsireigne, à la Débuterie de Rochetrejoux… on décida une réunion plénière au Bois-Pouvreau du Boupère, sur les invitations d’une certaine Esther Bossion, huguenote farouche, qui exerçait sur ses coreligionnaires un ascendant irrésistible.. Il en vint de partout dont Monsireigne. Il y eut jusqu’à 8 000 participants. Malheureusement pour les Réformés, cela fit quelque bruit et un régiment fut désigné pour « contenir les religionnaires ». Le silence avait pourtant été bien imposé à ceux qui participaient à manifestation…Malgré tout, la vérité filtra, des procès s’ouvrirent et des condamnations s’en suivirent.
Le 31 mai 1698, onze paroisses furent jugées pour avoir participé à l’Assemblée du Bois-Pouvreau dont Monsireigne.
Du coup, les Pasteurs durent prendre la fuite.
Bilan de fin de siècle (1699): A Monsireigne, 220 nouveaux convertis qui ne font point leur devoir. Les plus durs sont Mme de Fourchefière (la Chauvinière) et ses trois filles; Henri Masne, seigneur de la Boutinière; Pierre Michaud, bordier; Jacques Bagnaud, métayer; Daniel Sarrazin et Louis Chaigneau, laboureurs; les veuves Jean Guignard, Charles Guignard et Coutant; Jacques Cosset, ordier. Louis Chaigneau a prêté sa maison pour un prêche. Pierre Rigault vit avec une femme comme si elle était sienne, sans être marié. Très peu le font.
Désirs d’apaisement.
La France en général et l’Ouest en particulier, furent terriblement éprouvés au début du XVIIIème siècle: hiver terrible de 1709, famine de 1713, épidémies de toutes sortes. Toutes ces causes rendirent la vie précaire à beaucoup.
Le mois de mai 1713 n’est pas fini que les Brigands recommencent leurs atrocités… On en voit de la région de Mouchamps descendre sur Monsireigne et jusqu’à Tillay, pillant, égorgeant, semant partout la panique.
Durant le mois de pluviose (Novembre), le 23, une bande 14 ou 15 de ces scélérats maltraitent le citoyen David, au Bois-Tiffray… Ils vont ensuite à la Chauvinière, chez le citoyen Sausseau, bordier, à qui ils volent argent et linge et à qui ils demandent de les conduire sur la commune de Tillay… Heureusement pour lui… il réussit à s’échapper … Chemin faisant,, au village du Gros Hérieau, ils maltraitent la fille Châtaigner et disparaissent en direction de Mouchamps.
Cependant, avec Ventose, comme par enchantement, la paix gagne insensiblement. Une lettre du 7 ventose nous dont l’état des principaux habitants du canton qui, après avoir pris une part importate aux roubles précédents, viennent de rentrer chez eux. A Monsireigne, sur 25, 25 sont rentrés chez eux. Le culte catholique s’exerce de nouveau à Monsireigne.
L’abbé Graffard, curé de Monsireigne, s’était montré fluctuant. Il avait juré aux idées de la Révolution, s’était repris… Les Comités l’avaient sanctionné pour ses faiblesses. revenu à Monsireigne, il s’était laiussé capturé. Il étai faible, il n’avait pas de personnalité, il n’eut pas de rayonnement.Il avait été condamné, on l’a conduit à Rochefort pour l’embarquer pour le bagne de la Guyanne mais, vu son âge, on l’a rendu à ses ouailles.

Quant à ceux qui demeurèrent au pays, malgré la surveillance tracassière des gendarmes de Louvois, ils prirent l’habitude de se réunir, la nuit, en des Assemblées clandestines, que l’on appela « Assemblées du désert ». Rien de plus curieux que ces réunions mystérieuses où on lisait et méditait la Bible, où l’on chantait quelques psaumes, où, surtout, on entendait la ,prédication enflammée des Pasteurs…Assemblées du Désert 1

Que de fois, au début, nos Catholiques furent intrigués par ces allées et venues suspectes de leurs voisins. A la chute du jour, ils les voyaient, par groupe de 6, de 10 ou plus, se glisser dans les chemins creux, sauter les échaliers, suivre les chintres… Que se passait-il ? … Bien vite, nos « papistes » furent éclairés sur ces ténébreux déplacements: c’étaient des dissidents qui se faufilaient à la faveur des ténèbres, jusqu’à des champs de genêts, à certaines granges de fermes, certains cours de gentilhommières … pour leurs réunions…Assemblées du Désert 2

De ces réunions clandestines, il y en eut un peu partout: …. dont aux Latteries de Pouzauges.

Cette dernière assemblée, qui eut lieu le 7 mars, chez André Biteau, groupa un millier de participants, aux dires de P. Pasquier, sacristain à Monsireigne, qui rencontra des groupes importants qui s’y rendaient (Déposition au procès). Il y en avait de Pouzauges, de Monsireigne, de Chavagnes, des Redoux, de Tillay, …

De nouvelles réunions eurent un plein succès à la Chauvinière, en Monsireigne.

Archives de Vendée.

 

16- Les nouveaux convertis: 1699

Époque de Louis XIVHistoire Protestant Luther

Désormais, les assemblées se font plus rares et surtout plus discrètes, mais le branle a été donné. Les nouveaux convertis, qui ont fait pendant quelques temps semblant de s’associer au culte catholique, s’abstiennent dans l’ensemble d’y participer davantage. Les enfants sont encore baptisés, sauf exception, à l’église, parce quelques sages-femmes les y portent d’office. Mais les adultes ne vont plus à la messe et ne font plus leurs Pâques. De plus en plus, la coutume se répand d’enterrer les morts dans des cimetières privés, sans passer par l’église. Les enfants ne fréquentent point le catéchisme. Quant aux fiancés, beaucoup répugnent à faire bénir leur union par le curé de la paroisse. Ils vivent ensemble, comme maris et femmes, sans plus de cérémonie. Les curés crient au scandale, qualifient sur leurs registres : « d’enfants naturels » les enfants issus de telles unions, se plaignant à l’évêque, qui se plaint à son tour au Gouvernement, réclamant l’application des lois du royaume contre les nouveaux convertis récalcitrants. Rien n’y fait. Le Roi s’oppose formellement à de nouvelles dragonnades.
Un document officiel, sous forme d’enquête, en date de 1699, nous renseigne sur la situation religieuse à cette époque à Monsireigne.
Monsireigne : 280 anciens catholiques ; 200 « nouveaux convertis ».
« Ces nouveaux convertis ne font point leur devoirs (C’est-à-dire leurs Pâques). Les plus opiniâtres sont Mme de Fourchefière de la Chauvinière et ses trois filles ; Henri Masson, sieur de la Boutinière de la Sannelière, très opiniâtre et qui retient les autres ; Pierre Micheau, bordier ; Jacques Bagnaud, métayer ; Daniel Sarazin, laboureur ; Louis Chaigneau, laboureur ; plusieurs autres comme la veuve Jean Guignard, la veuve Charles Guignard, la veuve Coutaud, et Jacques Cosset, bordier ; il n’y en a « que 8 ou 10″ qui ont fait leur devoir. Louis Chaigneau, métayer, fort opiniâtre, a fourni sa maison pour y faire le prêche. Pierre Rigaud vit avec une femme, comme si elle était la sienne, sans être marié ; Pierre Rigaudeau vit aussi avec sa femme, n’ayant pas voulu passer par l’église. »

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 17- Où se marier ? 1726

Cette question des mariages préoccupe beaucoup le clergé catholique. Elle préoccupe moins, pour des motifs différents, les Protestants.
Non pas les petites gens : ceux-ci, paysans, valets ou autres, ne se font point scrupule de vivre à deux sans mariage. Il n’en va pas de même de ceux qui « ont du bien ».Histoire se marier

Epoque de Louis XV

Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, il n’existe ni commune, ni mairie, ni maire. Il n’y a que la paroisse et le curé. Les registres du curé tiennent lieu de registre d’état -civil. Par conséquent, si les parents ne sont par mariés aux yeux de l’église catholique, les enfants qui leur naîtront seront tenus pour illégitimes devant Dieu et devant la loi. Conséquence : à la mort des parents, la loi ne reconnaît pas leurs droits à hériter.
C’est pourquoi les Protestants un peu aisés cherchent le moyen de se marier légalement, sans pourtant passer par l’église.
En 1726, la tranquillité règne dans le pays. Le jeune Louis XV n’a rien d’un persécuteur ; le vieux ministre Fleury non plus. A ce moment, une nouvelle se répand qui comble d’aise beaucoup de jeunes Réformés : il y a, dit-on, à Rochefort, un nommé Cartier, ancien aumônier de marine, qui marie sans cérémonies, tous ceux qui se présentent à lui.
Les aumôniers de marine ont, de tout temps, eu des pouvoirs spéciaux pour les mariages. La nouvelle n’avait donc rien en soi de surprenant. Aussitôt, de la région de Pouzauges, une véritable procession de gens à marier commence. Les gens de Monsireigne ne sont pas les moins empressés. Quand, au bout de quelques mois, on apprend que Cartier avait été arrêté par la police de Rochefort : c’était un vulgaire escroc. Mais, dit-on, déjà plusieurs enfants étaient nés et beaucoup de femmes avaient des espérances !
Parmi les habitants de Monsireigne qui allèrent se faire « marier » à Rochefort, on relève les noms suivants : François Péquin avec Elisabeth Forestier et François Bognard avec Jacquette Pignon.
Par la suite, les bourgeois de Monsireigne prendront des moyens plus coûteux, mais plus sûr, pour se marier légalement. Vers 1756, le sieur Coquillaud de Guinefolle ira dans l’île anglaise de Jersey pour s’y marier avec demoiselle Louise David devant un ministre protestant. Le premier enfant issu de ce mariage, Pierre, sera baptisé par le curé de Monsireigne le 21 décembre 1757 et qualifié de « légitime », le mariage des parents étant, comme de juste, reconnu pour valide par le curé.
En 1768, les trois enfants de Jean Loyau, seigneur du Portail, iront se marier à La Haye (Hollande) :
• Jeanne Loyau avec Jacques de la Douëspe
• Jean Loyau avec Jeannine Loyau, sa cousine
• Louis Loyau avec Catherine Loyau, sa cousine.

18- La Chauvinière au XVIIIème siècle.

Mais cette question des mariages nous a entraînés trop loin. Revenons un peu en arrière. Ce sera pour dire un mot de la plus influente des familles protestantes de Monsireigne au XVIIIème siècle celle des Loyau.
On a déjà vu, précédemment, que ces Loyau, venus de Saint-Paul-en-Pareds en 1576, s’étaient établis à la Bouillatrie, puis par mariage, à la Baudonnière.

Époque de Louis XV
En 1716, Jean Loyau, licencié ès lois, avocat en Parlement, a reconstruit la Baudonnière. Une inscription, lisible encore aujourd’hui où l’on voit son nom et celui de sa femme Catherine Majou, constate le fait.
Le 9 août 1718, le même Jean Loyau achète pour 11 500 livres la Chauvinière. Cette propriété était passée des mains de Madeleine de Cumont, veuve du sire de Fourchefière, dont il a été parlé plus haut, à un certain Pierre Poisson. C’est ce Pierre Poisson qui vend la Chauvinière aux Loyau.
Plus tard, en 1743, Louis Loyau, l’un des 8 enfants de Jean Loyau, rebâtira la Chauvinière.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

La Chauvinière.

Tourisme sentiers Huguenots 8

Le logis de la Chauvinière en 2005.

On prétendu que le Sr de la Rochegiffard, gentilhomme qui a ses terres sur les confins de la retagne et du Poitou a sollicité le Sr de la Chauvinière et beaucoup d’autres religionnaires de passer en Angleterre, où lui-même est passé par la permission du Roi… ».
Josué Robineau, bien qu’il soit encore qualifié de « Chauvinière » dans les correspondances précédentes, ne devait cependant plus en être le propriétaire depuis 1666, car, vers cette époque, croit-on, il l’aurait abandonné, par vente, à Henri Marvillaud de Fourchefière. Celui-ci fut maintenu Noble par sentence du 12 août 1667 (Etat du Poitou). Le 22 mai 1692, sa veuve, Madeleine du Cumont, turice de ses filles: Clorinde, Suzanne et Marie-Angélique, comparut devant le Sénéchal de Chavagnes et des Touches pour une reconnaissance des droits de la « Maison Noble, Terre et Seigneurie de la Chauvinière », située en la Paroisse de Monsireigne : droit de haute, moyenne et basse justice, droit de bâtir maisons et forteresses avec tours, guérites, crénaux, pont-levis, chaussée, garenne et fuie … Ardente en sa foi de protestante, Mme de Fourchefière attira chez elle des Assemblées du Désert en 1677.
Le 9 août 1718, la Chauvinière et ses dépendances furent vendues à Mr Jean Loyau, Sr de la Baudonnière. Nous retrouvons ces Loyau dans les alliances de la famille Deladouespe. Sur l’armorial de 1701, figure le nom de « Dame N… veuve de Pierre Loyau, de Monsireigne, avec mention de leur blason : « de gueules à un franc quartier d’or, lequel est chargé d’un lion de gueules ». En 1713, reconstruction de la maison. En 1789, la Chauvinière revient à Louis Loyau, héritier de Jean en ligne collatérale. Celui-ci a eu d’abord l’idée de l’habiter. Mais il préféra finalement se fixer au village de Pultaud, en Bazoges-en-Pareds. Il y avait eu là une antique Seigneurie et l’on garde mémoire d’un Savary Deshoullièrres, Sr de Pultaud, qui prit par, en 1452, au sac de l’abbaye de Saint-Michel en l’Herm. En s’y fixant, Mr Loyau y établit un centre moderne de culture. Il était aussi médecin de talent. Il fut encore, sous l’Empire, membre du corps législatif.
Du fils de M. Loyau, la Chauvinière est passée à M. Germain, Pasteur à Pouzauges, son gendre. C’est son petit-fils M. Babut, qui fit bâtir la « gentilhommière » actuelle sur les plans de M. Corineau, architecte à la Rochelle. Jean BABUT, maire de Monsireigne de 1919 à 1934 et son frère Louis tenaient à la Rochelle une banque d’origine familiale depuis plus de 100 ans. Conséquence de la crise, en mai 1934, la liquidation amiable  de la banque est décidée.L’engagement de la famille (en particulier la vente de la Chauvinière à la famille de Brémond d’Ars) permet aux 80 clients débiteurs de n’avoir aucun préjudice.

La propriété est maintenant aux Brémond d’Ars depuis 1934.
Eusèbe de Brémond d’Ars, qui s’éteignit à la Chauvinière le 17 juin 1958, était né à Paris le 8 avril 1888. Il était le fils du Comte Guy de Brémond d’Ars et de la comtesse née de la Bouillerie. Il fut introduit en Vendée par son mariage avec Mlle de Beaufort, Isabelle, fille du colonel de Beaufort et de Mme … née de Basher. De ce mariage, sont nés trois enfants : Guyonne, devenue la comtesse de Chanterac (Elle a été maire de Monsireigne de 1956 à 1977), le comte Hubert de Brémond d’Ars et Arnaud, décédé en bas âge. Eusèbe de Brémond d’Ars s’est fait un nom dans la littérature. Ami de la nature, il s’est laissé inspirer par elle en de nombreux poèmes. (Revue du Bas-Poitou. 1958. 69ème. Année no 4. Juillet-Août). Guyonne, propriétaire de la Chauvinière, s’est mariée avec le comte Joseph de Chanterac. Ils eurent quatre enfants. Le plus jeune François est aujourd’hui (2020) propriétaire de la Chauvinière.

 

 

19- Les pasteurs réapparaissent: XVIIIème siècle.

Vers 1740, les Protestants de Monsireigne ont une grande joie : des pasteurs réapparaissent. Parmi eux, l’un des plus célèbres est Viala. Il entreprend une visite pastorale à travers le Bas-Poitou. Il établit des églises réformées à Pouzauges, au Boupère, à Mouilleron, à Rochetrejoux.Histoire Temple
Vers le même temps, le pasteur Pradon prêche lui aussi en toute liberté. L’un des centres de réunions les plus fréquentés est le ravin des Touches, entre les Touches et la gare actuelle de Monsireigne.
Époque de Louis XV
Naturellement, les Protestants portent leurs enfants baptiser aux pasteurs. Sur les registres de la paroisse, on ne trouve presque plus « d’enfants naturels ». Il arrive pourtant que les enfants, déjà baptisés par le pasteur, sont portés encore ensuite à l’église, sur les réclamations du curé. C’est ce qui arrive en 1758 pour deux enfants nés au Bois-Tiffrais : Marie-Jeanne Bristau et Jacques Bon. Ces enfants avaient été baptisés par le pasteur Germain.
Ces pasteurs sont sévères sur le chapitre des mœurs, plus sévères même que les curés. Les jeunes gens qui ont fait parler d’eux, pour avoir fêté, comme on disait à l’époque, « Pâques avant les Rameaux », sont mis en pénitence.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

20- Recensement: 1760.

Époque de Louis XV

Vers 1760, les pasteurs entreprennent un recensement général de leurs fidèles en Bas-Poitou. Ils en trouveront 4 033. Le recensement de 1699 avait donné 4 050.
Si l’on se rappelle qu’il y avait, en 1615, de 10 000 à 14 000 Protestants en Bas-Poitou, on peut se demander les causes de cette diminution.

Était-ce l’émigration ? Oui, en partie, mais en partie seulement. On évalue à 2 000 les Protestants émigrés du Bas-Poitou. Pour ce qui est de Monsireigne, on ne trouve guère que cinq noms d’émigrés :
• Jacques Tireau et sa femme, émigrés en 1699
• Louis Morin et Jean Morin, journaliers, émigrés en 1724
• Samuel Morin, tisserand à Chantefoin, émigré en 1724. Sur la liste des émigrés donnée par Me Michelle Magdelaine, a été trouvé un couple de Monsireigne cité deux fois. Une fois, ils ont dit de Monsireigne et l’autre de Chantefoin en Bas-Poitou. Sont cités en Angleterre : Le couple Samuel Morin, maître en soie et Marie Bouron son épouse, le 31 mars 1706 et le 4 janvier 1708.
L’émigration n’explique donc pas seule la diminution des Protestants. Il semble bien que la cause principale en soit celle-ci : nombre de Protestants, convertis d’abord par force, perdirent peu à peu, sous l’influence du temps, le souvenir de leur religion ; certains adhérèrent finalement de cœur au catholicisme ; d’autres se firent catholiques pour se marier. De telle sorte que le recensement de 1760 ne compta que les convaincus, les irréductibles : ils étaient le petit nombre.
Une note fort intéressante, due à l’obligeance de M. le pasteur Romain-Musculus, peut nous donner une idée exacte de répartition des Protestants vers 1770 aux alentours de Pouzauges. Il s’agit des baptêmes protestants faits de 1763 à 1775, donc pendant 13 ans :
• Vieux-Pouzauges (qui était beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui, il comprenait les faubourgs de la ville actuelle : Vezier par exemple) : 235 baptêmes
• Pouzauges-Ville : 45
• Le Boupère : 122
• Saint-Prouant : 72
• Monsireigne : 50
Comme on le voit d’après cette note, il y avait autant de Protestants alors au Boupère qu’à Saint-Prouant et Monsireigne réunis.

 21- A la veille de la Révolution de 1789.

Louis XV s’était montré tolérant dans l’ensemble pour les Protestants; Louis XVI le fut plus encore. A la veille de la Révolution, les querelles religieuses sont éteintes à Monsireigne. Certains actes officiels nous renseignent sur les faits divers les plus marquants de cette période.Histoire Louis XVI
Le 3 avril 1782, Jean Loyau de la Baudonnière, docteur en médecine, vient prévenir le curé de la mort de son frère Louis, docteur aussi, de la Chauvinière. Le défunt a été enterré la veille, 2 avril, en présence de plusieurs parents, dans le cimetière de la Chauvinière, en foi de quoi le curé inscrit sur ses registres ledit acte mortuaire.

Le 16 octobre 1786, il y a, à Monsireigne, grand enterrement. Il s’agit « du corps de noble homme René-Augustin Majou, seigneur de la paroisse, président de l’élection (la France était alors divisée en « Intendances » et celle-ci en « élections ») de Fontenay-le-Comte et de noble homme Jacques-Charles Majou, seigneur de la Débutrie.
Un nombreux clergé se pressait à cet enterrement. Ont signé au registre :
• Chabot, curé de Boupère
• Fumoleau, curé de Chavagnes
• Guignard, curé de Saint-Prouant
• Guinaudeau, curé de Rochetrejoux
• Graffard, curé de Monsireigne
Qui aurait pu penser alors que le « noble homme » qui menait si gravement le deuil de son père, serait guillotiné sept ans plus tard, à Fontenay, avec son jardinier, pour avoir caché un prêtre dans son château des Touches ?
Le 31 mai 1788, meurt le sieur Jean Loyau du Portail, père de Jean Loyau de la Baudonnière. Il est mort subitement au bourg de Monsireigne, à 78 ans ; on l’enterre « dans le jardin de sa mestayrie de la Port ».
Notons enfin, pour clore cette liste funèbre, que le 13 janvier 1789, la dame de la Baudonnière meurt, elle aussi, et est enterrée dans son encors, en présence de plusieurs parents et du maître d’école Charles Verdon.
Comme on a pu déjà s’en rendre compte, à la veille de la Révolution, la plus grande partie de Monsireigne est aux mains des Protestants ; les familles les plus influentes y sont protestantes. Ce sont les Coquillaud, à Guinefolle ; les Loyau, au Portail, à la Baudonnière et à la Chauvinière.
La Chauvinière passe, en 1789 même, aux mains de Louis Loyau. Cet homme, qui quittera vite la Chauvinière pour s’installer à Pultaud, sera une célébrité. Agronome remarquable, il fit en Vendée les premières essais réussis de la culture du topinambour, du maïs et du trèfle rouge.
En 1789, enfin, le Bois-Tiffrais est aux mains du pasteur Louis David. Celui-ci né au Fief-Milon du Boupère, en 1760, s’était marié, le 9 juin 1784, avec Anne Coursin, dame du Bois-Tiffrais. Le pasteur réside au Bois-Tiffrais en 1785 et 1786. Ses deux premiers enfants, Louis et Hortense, y sont baptisés par le pasteur de Pouzauges, Jacques Métayer. Mais voici qu’avec 1789, un orage monte à l’horizon dont personne, à Monsireigne comme ailleurs, ne soupçonne quelle sera la violence. C’est la Révolution Française.

 

22- Espérances de 1789.

1789 fut pour la France entière l’année des grandes espérances. On allait réunir les États Généraux, chose qui ne s’était pas fait depuis 1614.

Vers la mi-mars, le curé de Monsireigne, L. Graffard, annonce à ses paroissiens qu’il va les quitter pour quelques jours. Il a en effet l’honneur d’être désigné pour aller à Poitiers élire les députés du Clergé poitevin aux fameux États Généraux. Il est chargé de voter aussi au nom de ses confrères les curés de Chavagnes et de Réaumur.

Les gens de Monsireigne n’eurent pas le tant à se déranger pour choisir leurs députés. Tous ceux d’entre eux qui avaient 25 ans et qui payaient l’impôt se réunirent un dimanche sur la place de l’église et nommèrent deux délégués qui iraient au chef-lieu de bailliage élire en leur nom les députés du Tiers-États. Il est à présumer que les délégués choisis furent les bourgeois du pays : M M. Loyau et Majou.

Les semaines passent. On entend parler, vaguement, à Monsireigne, des événements de Versailles ou de Paris : la prise de la Bastille, notamment, fait grosse impression. Les bonnes gens se réjouissent ; il n’y a d’ailleurs pas de quoi, car cette « prison de luxe », réservée aux personnages marquants, ne les menaçait guère.Histoire Bastille

Puis, à la fin de juillet, un ensemble de rumeurs étranges, qualifiées plus tard de « Grande Peur » court le pays. On parle de débarquements Anglais, voire même Polonais, aux Sables et à Saint-Gilles. Tout compte fait, on s’aperçoit que c’était un bobard et le calme renaît peu à peu.

Le plus clair pour les paysans de Monsireigne et le plus intéressant, c’est que maintenant, ils ne payent plus d’impôts. Non pas que le Gouvernement leur en ait fait cadeau. Mais ils estiment, ces braves gens, qu’à une époque où l’on parle tant de « réformes », la première réforme à réaliser, c’est la suppression de l’impôt !

Naturellement, ils oublient aussi de payer la dîme à leur curé. Le pauvre curé avait déjà bien du mal à la faire rentrer chaque année. Désormais, il préfère y renoncer. Son budget ne s’en porte pas mieux. Heureusement pour lui, l’Assemblée décide en novembre 1789 que l’État s’emparant des Biens du Clergé, il sera versé aux curés, en compensation, un traitement annuel de 1 200 livres.1 200 livres, soit 100 000 francs ! Ce n’est pas si mal !

  

 

23 – Monsireigne sous la Révolution de 1789.

LE SOULEVEMENT
L’année 1792 s’acheva, pour les Vendéens, dans une inquiétude voisine de la colère. Dans beaucoup de paroisses, il n’y eut même pas de messe de Noël. Au début de 1793, une nouvelle, arrivée de Paris, plongea les gens dans la stupeur : le Roi avait été guillotiné, le 21 janvier ! On n’était pas plus royaliste en Vendée qu’ailleurs en France ; mais tout de même ! Et on se souvenait comment le Roi avait protégé les « bons prêtres », l’année précédente. Maintenant qu’il était mort, il fallait s’attendre à tout.
De fait, l’ordre vint, le 26 janvier, d’organiser des battues pour rechercher les prêtres cachés. Les paysans serrèrent les poings … Mais leur exaspération fut au comble lorsque, en février, la Convention décréta la levée des 300 000 hommes. Ici, il faut tâcher de comprendre : ce qui met surtout les Vendéens en colère, ce n’est pas la question politique, ce n’est pas la mort du Roi ; c’est la persécution religieuse ; ça été de voir les églises fermées, les cloches muettes, les bons prêtres chassés, le culte aboli ! Et on voudrait qu’ils aillent, eux, maintenant se battre pour les persécuteurs.
Mais, leur dit-on, la patrie est attaquée. Le Vendéen répond : Ce n’est pas la patrie qu’on attaque, c’est la Révolution ; au reste, la patrie n’est pas tout ici-bas : au-dessus de la patrie, il y a Dieu et la Religion !
Pendant plusieurs semaines, ces idées s’échauffent dans l’âme vendéenne. Les conscrits répètent : « Nous ne partirons pas ! »
A Monsireigne, sans doute, on fut moins agité. La commune comptait nombre de Républicains déterminés. Qu’allaient faire les conscrits ?
Ils n’eurent pas à se décider. Ils apprirent un beau jour, probablement dès le 13 mars 1793, que les paysans de la Gaubretière et de la Verrie, spontanément, s’étaient soulevés ; qu’ils avaient emmené avec eux, de force, des nobles, MM. Sapinaud du Bois-Huguet et de la Rairie. Ils apprirent, deux jours plus tard, que l’Anjou s’était soulevé aussi à la voix d’un voiturier: Cathelineau, et d’un garde-chasse : Stofflet. Ils apprirent en même temps que dans le pays de Challans, les Maraîchins étaient allés chercher dans son château de Fonteclose un certain M. de Charette, et que celui-ci, après trois jours de résistance, s’était rendu à leurs menaces. Ils apprirent surtout, dès le 20 mars, qu’une « grande victoire » avait été remportée par les paysans au pont de Gravereau, près de Saint-Vincent-Sterlanges, la veille même.
Désormais, les conscrits de Monsireigne n’hésitent plus. Ceux qui sont Républicains ardents se hâtent de partir ; les autres, tous les autres, demeurent.

UNE ARMÉE A MONSIREIGNE.
Dès la mi-mars 1793, Monsireigne est compris dans le pays soulevé. Ce qui ne veut pas dire qu’il y ait eu beaucoup de gens à faire cause commune avec les Vendéens. Il semble même que la majeure partie de la population s’efforça de rester neutre.
Pendant plusieurs mois, la guerre se déroula au loin ; on n’en entendait parler à Monsireigne que par échos incertains.
Un jour cependant, les gens du bourg voient défiler dans leurs rues une véritable armée. C’était au matin du 5 septembre 1793. Toutes les troupes de d’Elbée, venant de Saint-Prouant et se dirigeant vers Sigournais, passent dans Monsireigne. La soirée entière le canon gronde du côté de Chantonnay et du Puybelliard. Le 6, les Vendéens vainqueurs repassent par Monsireigne.

LES RÉFUGIÉS.
Quel était le sort des Protestants englobés, malgré eux, dans le pays insurgé ? Un sort peu enviable ! La plupart, naturellement, étaient Républicains. A part quelques-uns, qui, par conviction monarchique, prirent rang dans l’Armée Royaliste, les autres s’abstinrent.
Mais, par le seul fait qu’ils habitaient la zone révoltée, ils devenaient suspects aux chefs révolutionnaires. En conséquence, dès le 1er août 1793, un décret de la Convention les somma de quitter sans délai leur maison pour se réfugier dans les contrées restées fidèles à la République. Quelques-uns obéirent. Ils ont gardé dans l’Histoire le nom de « réfugiés ».
L’existence de ces malheureux fut lamentable. Les hommes jeunes furent enrôlés, de gré ou de force, dans les troupes républicaines. Les femmes et les enfants, sans argent, sans travail, sans pain, vécurent vaille que vaille des maigres allocations que leur servait la République.
Mais leur misère s’aggrava encore quand, le 20 février 1794, ils reçurent l’ordre de s’éloigner à vingt lieues des départements insurgés. Partout où ils allèrent, ils furent mal vus. Ils avaient beau protester de leur Républicanisme, on leur jetait à la face le mot du représentant Hentz : « Il n’y a rien de bon dans la Vendée ! »
Les listes d’allocations aux réfugiés conservées aux Archives départementales nous donnent le nom de 15 habitants de Monsireigne. Ce sont :
Louis et Jean Tissaud reçu : 200 fr.
Jean Sarrazin reçu : 100 fr.
Femme Paillat reçu : 100 fr.
Femme Péquin et ses deux enfants reçu : 180 fr.
Jean Tisseau reçu : 100 fr.
Louis Bertin, journalier, 54 ans
Sa femme, 37 ans, et son fils 3 ans
Pierre Faibvre, 15 ans
Paul Vinet, journalier, 47 ans
Suzanne Vinet
Marie Gaborit, veuve Sourisseau, 71 ans.
15 : c’est peu. Il y eut 81 réfugiés à Mouchamps. Somme toute, les Républicains de Monsireigne, Protestants ou autres, préfèrent rester chez eux.
Etaient-ils en sûreté chez eux ? On ne saurait le dire. En ces temps cruels, un coup de fusil était vite parti. Il y eut des morts violentes parmi les Protestants de Monsireigne comme d’ailleurs. Les Vendéens les accusaient de les trahir, et ce n’étant sans doute pas toujours faux.
Le résultat fut celui-ci : la Révolution fit, en Vendée, plus de mal aux Protestants que n’avait fait la révocation de l’Edit de Nantes elle-même. Quand, la guerre finie, les Protestants de Monsireigne se compteront, en 1803, ils ne seront plus que 152 ! Dans son « Annuaire ecclésiastique », paru à Paris en 1807, le pasteur Rabaut dira : « La Guerre de Vendée a fait disparaître un tiers des Protestants ! »

LES COLONNES INFERNALES.
Mais reprenons le fil de l’histoire interrompue par ce récit sur les « Réfugiés ». Les Vendéens touchaient, en septembre 1793, au terme de leurs succès. La division de leurs chefs amena, le 17 octobre, la défaite de Cholet. Ce fut ensuite la campagne d’Outre-Loire, et la destruction lente de leur armée par la faim, le froid et le choléra. Les bleus n’auront plus qu’à en massacrer les débris au Mans et à Savenay (11 et 23 décembre).
La guerre est-elle finie ? Non ! La Convention a eu trop peur : il faut maintenant qu’elle se venge. Turreau lâche sur la Vendée des colonnes qui ont pour consigne de tout tuer et incendier sur leur passage. Ces colonnes ont gardé le nom de « colonnes infernales ».
Monsireigne fut épargné, non par humanité, non parce que ses habitants étaient connus pour Républicains, mais parce que la chance voulut qu’il ne se trouvât pas sur la ligne de marche de l’une de ces colonnes.
Cependant, les habitants furent un moment peu rassurés. La colonne de Lachenay, entrée en Vendée par Saint-Mesmin le 26 janvier 1794, campait à Pouzauges. Elle poussa le 29 jusqu’à La Meilleraie. Les bleus mangèrent le festin préparé par les « Patriotes » de cette bourgade, puis poussèrent ces malheureux dans l’église et les égorgèrent.
Le 30 janvier au soir, les habitants de La Chauvinière et du Bois-Tiffray purent contempler de loin un spectacle terrifiant : c’était la ville de Pouzauges flambant de haut en bas ; sept maisons seulement échappèrent aux flammes.
Et cependant, Pouzauges passait pour « patriote ». Le Boupère aussi, d’ailleurs ; ce qui n’empêchait pas Lachenay d’y mettre le feu le 31 janvier, malgré les protestations du maire Biraud. Tout le bourg brûla. Puis les gens de La Sannelière purent voit les fermes flamboyer aussi dans la campagne. Chose curieuse : si l’on en croit le maire Biraud, seuls les châteaux, « repaires d’aristocrates », Le Beignon, La Ramée, La Pelissonnière, Le Fief-Milon, furent épargnés ! Deux cents personnes furent massacrées : le nommé Vendé, des Combes, fut coupé en morceaux : on l’entendait, paraît-il, « royer » à un kilomètre. 3.000 doubles de blé, 800 milles de foin, 3 000 livres de laine furent consumés. Après ce beau travail, Lachenay se dirigea par Rochetrejoux et Mouchamps, sur Les Essarts où Charette l’écrasa le 2 février.
Monsireigne eut donc la chance d’échapper aux colonnes infernales. On n’y vit ni enfants embrochés dans les baïonnettes comme à Palluau, ni femmes jetées au four comme à Montournais, aux Herbiers et aux Epesses. On en fut quitte pour la peur.
A la même époque, nombre de Vendéens, hommes ou femmes, étaient guillotinés ou fusillés, à Fontenay ou ailleurs, pour avoir participé au soulèvement. On relève ainsi, rien que pour Fontenay, 17 noms du Boupère, 7 de Chavagnes, 6 de Saint-Prouant. On ne trouve personne de Monsireigne sur ces listes de morts. Il faut aller jusqu’à Niort pour rencontrer un « Pierre Blanchard, 32 ans, mort dans la prison le 16 avril 1794 ».
Cette absence de noms est aussi un indice qu’il dut y avoir peu de gens de Monsireigne dans l’Armée Catholique et Royale.

PAIX DE LA JAUNAYE.
La guerre cependant prit fin un jour. La Convention lassée la première, envoya des messagers de paix à Charette dans son camp de Belleville. Bleus et Blancs firent un traité à La Jaunaye, près de Nantes.
Ce traité reconnaissait aux Vendéens toute liberté de culte sur leur territoire. La Convention s’engageait aussi à ne pas lever de troupes sur le sol vendéen. Pour bien marquer la réconciliation, Charette faisait, le 18 février 1795, une entrée triomphale dans la ville de Nantes.
La Vendée, après deux ans de luttes sanglantes, va trouver enfin une tranquillité relative.

TRANQUILLITÉ RELATIVE ! (1795-1797).
Relative, oui, à Monsireigne, comme ailleurs. A la fin de 1795, la Convention a été remplacée par le Directoire. Régime d’incohérence et de corruption, où les coups de force succéderont à l’anarchie, jusqu’au coup de balai final du 18 brumaire.
Nous sommes renseignés sur l’histoire de cette période par les rapports envoyés de Mouilleron à Fontenay, par le commissaire du canton. Ces rapports, fort intéressants, n’ont jamais été publiés encore.
Un rapport du 29 floréal an IV (11 mai 1796) nous renseigne sur la situation religieuse de Monsireigne et des alentours :
« Il se rend plus de 4.000 âmes tous les jours de fêtes et dimanches à la messe de Chavagnes ; il en vient de Fontenay même qui y apportent baptiser leurs enfants. Tout se passe assez tranquillement. C’est le seul prêtre qui existe dans le canton. Il y a cependant celui de Monsireigne, mais qui ne fait aucun acte de son métier, ayant été interdit par le Conseil de l’Armée Catholique ».
Ainsi donc, à Monsireigne, un prêtre, jadis jureur et qui ne dit pas sa messe. A Chavagnes, l’ancien curé, M. Fumoleau, sorti à la paix de sa cachette de La Garneraie, seul prêtre non jureur resté au pays, dans toute la région comprise entre Fontenay et Chavagnes !
Le Gouvernement s’essaye à cette époque à former, dans chaque commune une administration régulière. Ce n’est pas facile. Peu de gens sont capables de remplir les fonctions d’agent (maire) ou d’adjoint ; ceux qui le seraient refusent souvent, par crainte des difficultés. Le commissaire se lamente le 6 brumaire (27 octobre 1796) :
« L’administration n’a pu encore parvenir à organiser la commune de Monsireigne ; personne n’a voulu accepter les fonctions d’agent ni d’adjoints municipaux ! »

LE 18 FRUCTIDOR.
Cependant, voici qu’au cours de l’année 1797, une certaine agitation se manifeste un peu partout en France. Les élections approchent.
Ces élections, le Gouvernement les craint beaucoup. Il se rend compte que le pays, resté au fond royaliste dans son ensemble, va voter à droite. Il faut à tout prix empêcher cela.
Déjà, en 1795, la liberté des électeurs a été effrontément bafouée, puisqu’on a imposé à leurs votes 500 Conventionnels sortant sur 750 députés à élire. En 1797, on projette de ne faire voter que ceux qui ont fait un serment de haine à la Royauté. Ainsi on pense écarter des urnes la masse des Royalistes. Ce calcul est pourtant déjoué : les élections de 1797 sont nettement à droite.
Alors, le Gouvernement n’hésite pas : par un coup d’Etat, il jette en prison les chefs qui le gênent. Puis une minorité de violents annule les élections dans 49 départements ! On n’ose pas toucher à la Vendée, parce qu’on a toujours peur d’elle. Cela se passe le 18 fructidor an V (4 septembre 1797).
Les conséquences de ce coup d’Etat ne se font pas attendre : la persécution religieuse se rallume avec violence. De nouveau, les curés non jureurs sont pourchassés. Celui de Chavagnes recommence à se cacher. Quant à celui de Monsireigne, il fut arrêté et emmené en prison à Fontenay.

L’ABBÉ GRAFFARD.
Il n’y resta pas longtemps. Il fut condamné à la déportation à la Guyane. On n’osait plus, à cette époque, guillotiner pour des motifs purement religieux – du moins pas trop souvent – on préférait condamner à la « guillotine sèche » : la Guyane, dont le climat meurtrier tuait presqu’aussi sûrement, mais sans bruit.
L’abbé Graffard fut dirigé sur Rochefort, où devait se faire l’embarquement. Il y arriva le 7 août 1798. Il y trouva des centaines de confrères, amenés de tous les points de France et de Belgique (la Belgique faisait alors partie de la France). Il y avait là aussi des assassins et des voyous condamnés au bagne pour meurtres ou pour vols.
Un garnement, appelé Ange Pitou, détenu lui aussi, nous a laissé des souvenirs de sa captivité à Rochefort. « On ne nous servait, dit-il, qu’une livre de pain noir par jour, pain dans lequel se trouvent du gravier qui brise les dents, des pailles, des cheveux, des immondices qui laisseraient croire que le boulanger l’avait pétri dans le panier aux balayures ».
Le 11 mars 1799, l’abbé Graffard est transféré, avec 192 de ses confrères, sur le bateau La Charente, qui doit les transporter à la Guyane. Sur ce bateau, la place manquant, les prêtres durent littéralement s’empiler dans l’entrepont. L’air y était suffocant. Toutes les nuits, plusieurs d’entre eux mouraient.
Les Anglais, croisant continuellement devant les côtes, il fut impossible de déporter les malheureux. Ils furent enfermés, le 7 août 1799, dans la citadelle de l’île de Ré. L’abbé Graffard y resta jusqu’au 26 décembre 1799. A cette date, le consul Bonaparte fit libérer les prêtres détenus. M. Graffard revint à Monsireigne, au début de 1800. Il y mourra, le 26 avril 1819, à 76 ans.

LE DÉCADI.
Le Gouvernement du 18 fructidor ne fit pas que persécuter les prêtres ; il chercha aussi à restaurer la « religion décadaire ». Qu’était-ce ? Voici : la Convention, dans sa fureur antireligieuse, voulant effacer toute trace de Christianisme en France, avait décidé de transformer l’Ancien Calendrier. Les mois reçurent un nouveau nom ; ils furent désormais partagés en trois décades de dix jours ; le décadi était le dixième jour. La Convention ordonna, à la fin de 1793, de travailler le dimanche, mais de se reposer le décadi. Quelques enragés ou les timides se plièrent à cette injonction. Mais, dès qu’une certaine liberté fut revenue, en 1795 et 1796, la masse des Français laissa tomber le décret et se remit à chômer le dimanche.
C’est ce Culte du décadi qu’on voulut faire revivre après le coup d’Etat de Fructidor. Les commissaires de canton reçurent à ce sujet des ordres précis. Mais, dans beaucoup de paroisses, on fit la sourde oreille. Si l’on en croit les rapports des commissaires, la paroisse de Monsireigne se fit remarquer parmi les plus récalcitrantes du canton. Le 16 prairial an VI (4 juin 1798), le commissaire écrit :
« Le décadi n’est point encore chômé nulle part dans ce canton ».
Un an plus tard, il informa ses chefs, le 26 fructidor an VII (12 septembre 1799) :
« A Monsireigne et à Chavagnes, à Monsireigne surtout, la loi sur les décadis et les fêtes nationales n’est pas strictement exécutée comme dans le reste du canton. Cela tient au peu de civisme des agents, surtout à Monsireigne ».
Quel était donc alors l’agent de Monsireigne ? Un certain Majou. Son adjoint s’appelait Belaud.

LES « BRIGANDS ».
C’est le nom que les Républicains donnaient aux Vendéens révoltés, pendant la « Grande Guerre ». Nom assez mal trouvé d’ailleurs, car il apparut souvent, au cours de ces terribles années, que les véritables Brigands n’étaient pas chez les Blancs, mais chez les Bleus.
Vers le milieu de l’année 1799, l’anarchie est à son comble en France. Il n’y a plus ni gouvernement, ni police. Des bandes se forment un peu partout en France, mais surtout en Vendée. En Vendée, elles se composent d’anciens soldats de l’Armée Catholique et Royale qui préparent un nouveau soulèvement et s’ingénient, par tous les moyens, à se procurer des armes et à empoisonner l’existence des républicains. Ces Brigands sont pour les commissaires de canton un cauchemar ; ils les voient partout ! Dès lors, leurs rapports sont pleins de cris d’alarme et de récits plus ou moins fantaisistes. S’il y eut une époque où les bobards les plus invraisemblables circulèrent, ce fut bien celle-là. De tous ces bobards, les commissaires se font les échos épouvantés et fidèles !
Le 18 brumaire, an VIII (9 novembre 1799), le commissaire de Mouilleron, écrit à Fontenay :
« Le pays est troublé. On parle d’un rassemblement de 800 Brigands à Monsireigne, où ils ont abattu l’arbre de la Liberté ».
Or, ce rassemblement n’a jamais existé ; il est vrai toutefois que, dans la nuit du 15 brumaire, l’arbre sacré a été scié et mis à bas par des mains inconnues.
Le 20 brumaire (11 novembre 1799), le commissaire envoie la liste des gens de son canton réputés « dangereux ». Il y en a trois à Monsireigne : ce sont : les deux frères Dubé, laboureurs à la Potulière et le sieur Hériau, bordier au Coudray.
« Dangereux », c’est-à-dire prêts à prendre les armes contre la république.
Par le même courrier, le commissaire rapporte le fait suivant :
« Je viens d’être informé que quatre Brigands se sont portés la nuit dernière à la Maison des Touches, qu’ayant frappé sur les dix heures du soir, on leur a ouvert, on fait leur visite, n’ont pas trouvé d’armes et sont sortis après avoir bu et mangé, sans faire d’insulte à personne. Mais j’ai appris qu’au Coudray, de Monsireigne, ils ont désarmé un homme qui avait un fusil de chasse. »
Le 14 frimaire (5 décembre 1799), on signale qu’il y a toujours des Brigands cachés dans les bois de Saint-Prouant. Ces Brigands font des incursions nocturnes sur Monsireigne et, par la peur qu’ils inspirent, empêchent les patriotes de rentrer.
Ces patriotes n’étaient autre que les républicains Réfugiés, dont il a été question plus haut.
Le 25 frimaire (16 décembre 1799), les Brigands ont fait une apparition au village de l’Haumondière du Boupère, village très républicain. Les habitants se sont mis à crier à la force, et les Brigands ont disparu !
Le 21 pluviôse (10 février 1800), rapport très curieux du commissaire :
« L’esprit public » s’est corrompu dans ces derniers moments. Le fanatisme a repris de l’ascendant dans le canton. Le décadi n’est plus observé. La masse désirait des prêtres. Deux si sont présentés et disent la messe, l’un à Monsireigne (le curé Graffard), l’autre à Chavagnes (l’abbé Fumoleau). Celui-ci avait échappé à la déportation, et comme il disait la messe avant, il s’était formé un marché considérable dans cette commune. Il a dit aux jeunes gens qu’ils ne devaient pas s’armer contre les rebelles. L’autre prêtre se tient tranquille. »
Eh oui ! Bonaparte a établi le Consulat. Il a aboli les persécutions religieuses. Et aussitôt, le peuple, lâchant les habitudes qu’on lui a imposées de force, revient à ses traditions. Le commissaire en paraît désolé !
Le 26 pluviôse (15 février 1800), nouveau rapport sur les Brigands :
« J’ai été informé que le 23 de ce mois, au déclin du jour, une bande de 14 ou 15 scélérats avait maltraité le sieur David, fermier du Bois-Tiffray, commune de Monsireigne, à qui ils avaient pris 50 écus ; qu’ensuite, ils sont allés à la Chauvinière, chez le citoyen Suaudeau, bordier, à qui ils ont aussi volé de l’argent et du linge. »

Enfin, dernier rapport, le 7 ventôse (26 février 1800). Le Gouvernement, pour ramener la paix dans la France troublée, a décidé d’amnistier les hommes qui ont pris une part active aux troubles et aux guerres civiles. Ces hommes, qui, jusqu’ici devaient se cacher, ont été ainsi autorisés à rentrer sans crainte chez eux. Le commissaire dresse un état par commune du nombre des hommes ainsi rentrés :
A Mouilleron : 6
A Tillay : 6
A Chavagnes : 2
A Monsireigne : 25 ! « tous rentrés avec leurs armes », dit le rapport.
Ce rapport ajoute : « Le Culte Catholique s’exerce librement dans les communes de Monsireigne et de Chavagnes, les habitants jouissent paisiblement de cette liberté ». Il serait bon pourtant qu’on mit des troupes à Monsireigne : cette région a besoin d’être surveillée. »
Et sur cette observation méfiante, le commissaire clôt ses rapports. Son poste ayant été supprimé, ses rapports sont aussi, par le fait même, supprimés !

Société d’émulation de la Vendée- Archives de la Vendée.

   

24- Louis Loyau et ses nouvelles méthodes de culture: 1789.

A la même époque, en 1789, La Chauvinière de Monsireigne passe à Louis Loyau, héritier en ligne collatérale de Jean. Il avait eu d’abord le projet d’habiter la Chauvinière, mais plus tard, se décida à bâtir la maison de Pultaud à Bazoges-en-Pareds. M. Loyau, médecin de talent, membre du Corps législatif sous l’Empire, en se fixant à la campagne, enseigna au Bocage les méthodes nouvelles de culture dont il donnait l’exemple sur sa belle terre de Pultaud. Cavoleau le Loue (Annuaire de l’an XII) dit qu’il a été le premier à employer la chaux, amendement devenu un bienfait pour le Bocage et d’avoir essayé le premier aussi la culture des plantes annuelles et bisannuelles.

L’histoire recherche d’ordinaire le haut intérêt de ses récits dans la peinture des passions humaines, des grands événements politiques, sous l’ombre desquels se cachent les souffrances des peuples. Nous aimons, nous, à détourner nos regards de ces scènes pour les arrêter sur le champ où l’activité humaine, dans le travail égayé par les aspects éternellement rajeunis de la nature, se livre en paix aux occupations agricoles. Notre sympathie va au-devant des hommes éclairés qui, dédaignant les succès et les avantages stériles des salons, vivent sur leurs terres et font tourner l’élévation de l’esprit, l’étude des découvertes de la science, au profit de l’amélioration morale du pays et des progrès de l’agriculture.
Ce sentiment intime qui nous domine au souvenir de M. Loyau, nous oblige à compléter les motifs de notre digression, en reproduisant ici comme le meilleur éloge de cet agronome ce qu’un de nos prédécesseurs, l’excellent secrétaire-général, M. Cavoleau, en a dit dans sa Statistique (Description de la Vendée) Ce sera en même temps un sujet de comparaison pour les agriculteurs d’aujourd’hui (écrit en 1856).Histoire Jachère
« C’est particulièrement par la culture des plantes annuelles ou bisannuelles que l’on peut supprimer les jachères; et jusqu’à ce jour, l’agriculteur qui a le plus approché de ce but si désirable, dans le département, est M. Loyau, docteur en médecine à Pulteau, commune de Bazoges, canton de la Châtaigneraie. Il fait, depuis plusieurs années, des essais encourageants sur la culture d’un grand nombre de plantes qui peuvent servir à la nourriture des bestiaux. Il a cultivé la pomme de terre avec succès, et beaucoup plus en grand qu’on ne l’a fait jusqu’à ce jour dans le département. Il a cultivé de la même manière le topinambour, à peine connu dans les jardins, la carotte, la betterave champêtre, le maïs-fourrage, le trèfle incarnat, plantes dont la plupart étaient inconnues, avant lui, dans la culture rurale. Son fils a cultivé la pimprenelle avec succès sur les coteaux les plus arides de la commune de Monsireigne. Le système des jachères est presque banni de sa culture, et cependant, il recueille plus de blé, en même temps que le produit de ses bestiaux est devenu plus considérable. Puisse son exemple se propager et convaincre enfin le grand nombre de propriétaire fixés, comme lui, à la campagne par habitude, par calcul ou par goût, que, avec de très faibles avances pour des essais dont les résultats ne sont pas problématiques, ils peuvent faire une révolution dans la culture du Bocage et doubler ses produits ! »
Du fils de M. Loyau, la Chauvinière a passé à M et Mme Germain.
Ici, nous sommes bien moins à l’aise pour louer comme nous le voudrions. L’homme honorable qui préside le Consistoire de l’église réformée est de la Vendée. Comment exprimer, sans blesser une modestie bien connue, l’hommage rendu dans tous les partis et dans tous les cultes au ministre dont les vertus évangéliques sont rehaussées par l’agrément de ses relations privées et la variété de ses connaissances. Nous aurions cependant un motif particulier d’être moins réservé, car nous devons aux aimables causeries de M. Germain, les renseignements dont nous avons formé la trame de plus d’un de nos récits, notamment, sur Puypapin, La Grossetière et La Chauvinière.

 

25 – Ô Egalité ! Après 1789.

« Tous les hommes naissent libres et égaux en droits » avait décidé, en août 1789, la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen.Histoire Déclaration des droits
Mais, ce principe à peine émis, les « bourgeois » qui forment la Constituante ont eu des remords. Cette inégalité qu’ils ont tant blâmé sous l’Ancien Régime, qu’ils ont abolie solennellement, voilà qu’il rétablissent d’eux-mêmes en France :
La France a été divisée en départements. Le département de la Vendée, crée en 1790, comprend 6 districts et 58 cantons. Monsireigne relève désormais du canton de Mouilleron.
Désormais aussi, les citoyens sont rangés en deux catégories : les pauvres et les gens aisés. Les pauvres, appelés citoyens passifs, n’auront aucun droit de vote. Les gens aisés, appelés citoyens actifs, auront seuls droit de vote. Et encore, pas également. Les citoyens actifs choisiront parmi eux, à raison d’un sur cent, les citoyens les plus riches, qui seront nommés électeurs, parce qu’eux seuls auront droit de vote complet. Il y aura ainsi en France 43 000 électeurs. La Vendée en comptera 478. Le canton de Mouilleron : 10. La commune de Monsireigne 1 : cet électeur sera le docteur Louis Loyau, propriétaire à la Chauvinière.
Quand à l’avenir, on élira un député, seul à Monsireigne, le citoyen Loyau votera ; quand on élira l’évêque de Luçon, seul le citoyen Loyau, quoique Protestant, votera. Il votera parce qu’il est riche !
Vraiment, était-ce la peine de déclarer tous les Français égaux en droits, pour en aboutir là ?

26- Une loi étrange: 1790.

Il est à croire cependant que les braves gens de Monsireigne ne furent point jaloux outre mesure des privilèges accordés au citoyen Loyau. Mais voici que bientôt une loi paraît qui ne laisse pas d’inquiéter les Catholiques.
Cette loi, votée le 12 juillet 1790, s’appelle la « Constitution Civil du Clergé ». Elle remanie complètement l’Église Catholique en France. Sans avoir consulté le Pape, la Constituante a décidé que désormais les évêques seront non plus choisis par le Roi, mais élus par les « électeurs » de chaque département ; les curés, eux seront, non plus choisis par leur évêque, mais élus par les citoyens actifs de chaque canton.
Ainsi donc, à Monsireigne, les Protestants, pourvu qu’ils soient citoyens actifs, seront appelés, au même titre que les Catholiques, à désigner le curé de la paroisse. Et comme ils sont, en général, plus aisés que les Catholiques, il est à croire qu’ils pourront imposer aux Catholiques un curé de leur choix !

Loi étrange en vérité !
Et voilà qu’en novembre 1790, une loi nouvelle paraît qui impose à tous les curés un serment de fidélité à la Constitution Civile du Clergé. Ce serment, devra se faire en janvier 1791, publiquement, devant le maire, à la fin de la grand-messe.
Que va faire le curé de Monsireigne ? Le pauvre homme paraît bien ennuyé. Faut-il refuser le serment comme l’affirment ses confrères de Chavagnes et de Sigournais ? Peut-on, en conscience, le prêter sous condition, comme l’insinue le curé de Saint-Prouant.
Finalement, M. Graffard se rallie à cette dernière solution, qui se concilie bien mieux avec son caractère quelque peu craintif et hésitant. Il prête serment à la Constitution, mais en se réservant le droit de rétracter ce serment, si un jour sa conscience lui en fait un devoir.
Désormais, L. Graffard est classé parmi les « jureurs ».

Ecrits : Léon Audé & Abbé Billaud

27 – Division 1791

Mais les Catholiques les plus fervents de Monsireigne blâment leur curé. Ils ne vont plus à sa messe ; ils ne le saluent plus. Le dimanche, ils se rendent à Chavagnes dont le curé, M. Fumoleau, a refusé énergiquement le serment. Il y a donc division parmi les Catholiques de la paroisse eux-mêmes.Histoire Prêtre Révolution
Par contre, les Protestants et les Catholiques tièdes approuvent bruyamment le curé. Cette situation se prolonge sans grand changement pendant toute l’année 1791. Année assez calme dans l’ensemble.

Un seul fait à noter : le 30 mai 1791, la garde Nationale de Monsireigne, car la commune comme toute autre qui se respecte, a désormais sa Garde Nationale, se rend à Sainte-Florence avec les gardes des communes voisines, pour y être passée en revue par le Marquis de Lespinay, Colonel de la Garde Nationale de Chantonnay. Le fait, pour minime qu’il soit, est à signaler, car il montre qu’en Vendée la noblesse, loin de bouder la Révolution à ses débuts, adhéra souvent de bonne grâce au mouvement nouveau… Jusqu’au jour où la persécution religieuse la jette, à la suite des paysans, dans la révolte.

Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

 28- La loi d’exil de 1791

Cependant, à mesure que le temps passe, la situation s’aggrave en France pour le Clergé qui a refusé le serment. En septembre 1791, une Assemblée nouvelle a été élue qu’on appelle Législative. Le quart des « électeurs », soit 11 000 seulement pour la France entière, a pris part au vote. Cela n’empêche pas les députés élus par cette infime minorité de légiférer « au nom de la Nation » !
Le 27 mai 1792, la Législative décrète que tous les prêtres « non-jureurs » seront déportés hors du royaume. Mais le Roi s’oppose, par son Veto, à l’exécution de la loi

Le 10 août, le Roi est déclaré déchu et enfermé au Temple. La voie maintenant est libre pour les persécuteurs. Le 26 août, une nouvelle loi ordonne que tout prêtre non jureur devra quitter le Royaume dans les 15 jours. La République fut proclamée pour la première fois en France par la convention le 21 septembre 1792
Grosse émotion en Vendée ! A Monsireigne pourtant, le pays reste calme : le curé ayant prêté serment n’est pas soumis à la loi sur les déportations. Il reste donc à son poste.

Il en va différemment à Sigournais et à Chavagnes. Le Curé de Sigournais part bientôt pour l’Espagne, avec 231 de ses confrères vendéens. Quant à celui de Chavagnes, il se refuse à partir. Il se cache dans sa paroisse, tantôt aux Touches et le plus souvent à La Garneraie. Mais, à part quelques fidèles, tout le monde le croit en exil lui aussi. Conséquence : les gens de Chavagnes et de Sigournais affluent à Monsireigne pour les baptêmes et les mariages. C’est ainsi qu’on note sur les registres de Monsireigne :
• 27 septembre 1792 : baptême d’un enfant de Chavagnes
• 30 septembre 1792 : baptême d’un enfant de Chavagnes
• 10 octobre 1792 : Mariage, le marié est de Chavagnes
« En l’absence du curé, dit le registre, le maire de Chavagnes a fait afficher et publier les bans à la porte principale de l’église de Chavagnes »
• 16 octobre : baptême d’un enfant de Chavagnes
• 21 octobre : baptême d’un enfant de Sigournais
• 28 octobre : baptême d’un enfant de Sigournais
• 9 novembre : baptême d’un enfant Sigournais
• 11 novembre : baptême d’un enfant Sigournais
• 13 novembre : baptême deux enfants de Chavagnes
• 20 novembre: baptême d’un enfant de Bazoges !

Malheureusement, les registres manquent, de 1793 à 1797. Au reste, désormais, l’état-civil étant transféré aux mairies, on n’aura plus que des déclarations de naissances.Histoire Guerres de Vendée
1793 : Malgré les troubles durant les guerres de Vendée, les maisons de Monsireigne ne sont pas incendiées.
Recensement des protestants en l’an XI, envoyés par le maire de Monsireigne à la demande du préfet. Voici le nombre de protestants dans la commune de Monsireigne en 1803 sous le 1er Empire de Napoléon 1er Bonaparte :Histoire Napoléon
• Bourdin – 7
• Guinefolle – 10
• La Louraie – 8
• La Coudrais – 17
• La Sangnelière – 29
• La Chauvinière – 5
• Bois-Tiffrais – 3
• Chantefoin – 18
• Le Bourg – 44
On compta donc 141 protestants sur la commune.
Écrits : Léon Audé & Abbé Billaud

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 29-La Baudonnière à partir de 1620.

Cette Seigneurerie se situe sur la route des Salinières.Histoire Baudonnière 1

Jean Vinet
Sieur de la Sanelière
épouse vers 1620
Jeanne Piguenit
Ils habitent la Baudonnière

Histoire Baudonnière 3Pierre Loyau seigneur de la Bouillatrie, demeurant à Monsireigne, épousa par contrat protestant du 15 mai 1646, Jeanne Vinet, dame de la Baudonnière, fille de Jean, sr de la Saulière, et de Jeanne Piguenit. Il rendit aveu à Macé Bertrand, Chev., le 1er août 1673, pour le fief de Chantefoin.

André Loyau seigneur de la Baudonnière , avocat en Parlement, conseiller du Roi, lieutenant en la maréchaussée provinciale du Poitou, né en 1648, baptisé par le ministre du Boupère. Il épousa, par contrat protestant du 19 mai 1671, Françoise Mallet, fille de feu Jean, sr de la Fauconnière, et de Françoise Desmé. Le 15 mars 1681, à cause de sa femme, il rendit aveu à Marie-Jaudonnet, veuve de René Genet, pour la pour la Chavillardière. Il rendit aveu, avec son frère Pierre, à la Bnie de Vouvent, les 3 novembre 1691 et 14 mai 1693, pour le fief de Chantefoin. Il mourut catholique, à Monsireigne, le 20 septembre 1695 et sa veuve rendit aveu de Chantefoin le 21 février 1698. Elle mourut à la Baudonnière en mars 1726.

Jean Loyau seigneur de la Baudonnière, licencié ès lois, avocat en Parlement, baptisé à la Forêt-sur-Sèvre en juin en 1677. Devenu majeur, il rendit hommage du fief de Chantefoin le 16 juillet 1714 puis le 6 mai 1716, pour cause de mutation. Il épousa, par contrat du 9 février 1703 et cérémonie le même jour à Ste-Pexine, Catherine Majou, fille de Jean, sr de la Navarière et de Catherine Suzennet. Le 9 août 1718, il acquis la terre de la Chauvinière. Il fut inhumé, catholique, à Monsireigne, le 5 mars 1735, décédé la veille à la Baudonnière, âgé de 58 ans. Le 13 janvier, 1736, Catherine Majou, veuve, acquis de Pierre Morin notaire royal et autres, une métairie appelée la Brouardière, près de Bazoges. Elle demeurait à la Rochelle. Elle acquit , également, le 30 décembre 1756, le fief de la Maisonneuve, près de Bazoge. Elle mourut protestante au Plessis-Hautelin à Sigournais.Histoire Baudonnière 2

Jean Loyau seigneur de la Baudonnière, né le 9 mars 1705, baptisé catholique à Monsireigne. En 1741, il paya, avec son frère Jean-François, sr du Portail, droit de franc fief pour des terres appelées Puymoreau, paroisse de Réaumur et le fief des Paires de la Limousinière, paroisse de Montournais, par eux acquis le 26 septembre 1739. Le 12 juin 1736, dit bourgeois de Paris, il rendit aveu de Chantefoin, pour lui et ses frères et sœurs. Le 10 juillet 1761, il fit une déclaration roturière au seigneur de la Geffardière. Le 19 mai 1763, il rendit aveu et dénombrement au M de la Bretesche pour un fief sis paroisse de Bazoges. Le 22 avril 1769, il rendit hommage et le 21 février 1770, aveu à la sgrie de la Fosse pour la maison de la Baudonnière. Il avait épousé, le 19 juin 1738, Jeanne-Marguerite Majou, le même jour que son frère Jean-François et sa sœur Marie-Margerite Charretier et sœur de sa belle-sœur. Internée à Luçon en 1725. En résidence surveillée à Monsireigne, de 1737, avec sa sœur Catherine-Charlotte pour cause de religion. Elle mourut, protestante, à Monsireigne, le 13 janvier 1789.
Louis Loyau seigneur du Côteau, né à Monsireigne le 8 juin 1744. Docteur en médecine, demeurant à Pulteau, membre du Directoire de la Vendée, juge de paix du conseil des Anciens et au corps législatif, sous l’Empire, jusqu’en 1806. En 1793, il faillit être fusillé par ordre du général Huchet et ne fut sauvé que parce que les soldats chargés de l’exécution, fatigués des précédentes fusillades, prétendirent n’avoir plus de cartouches et le laissèrent libre. Il fut conseiller de préfecture en 1816. Il se fixa sur sa terre de Pulteau, dont il avait fait bâtir la maison et enseigna dans le Bocage les nouvelles méthodes de culture. Il épousa à la Haye en Hollande, le 31 janvier 1768, sa cousine germaine Catherine Loyau dame de la Baudonnière.

Jean-Louis loyau, né à Monsireigne le 14 avril 1770, propriétaire à Pulteau. Il fut blessé à la bataille de Luçon, le 14 août 1793 (pasteur Romane-Musculus), étant lieutenant d’une C’° de patriotes de Mouchamps et de Chantonnay. Il fut transporté à la Rochelle où sa mère était réfugiée et s’y rétablit promptement. Il épousa Margerite-Angélique Besly.

Eugène-Armand Querqui propriétaire au Puybelliard, épousa en 1738, Joséphine Loyau qui hérita de la Baudonnière en 1849.

Paul-Alfred Querqui épouse en 1879 Elise Möller. Paul-Léon-Henry Querqui épouse en 1882 Jeanne Möller.

Histoire Baudonnière 4Elle échange en 1923 la Baudonnière avec Louis Babut, banquier à la Rochelle qui en 1935 vend à Louis Sachot époux Chariau qui transmet en 1960 à son fils Louis Sachot époux Bourneau. Ce dernier vend en1960 à M Henri Bonnenfant et Rémi Arnaud qui revendent aussitôt à Jean-Claude Loyau (de Pulteau à Bazoges-en-Pareds, arrière-arrière-petit-fils de Jean-Louis et Marguerite Besly). Ses enfants revendent en 1990 à John Collinson qui fait du site de la Baudonnière un site touristique avec un camping à la ferme et des charmantes chambres d’hôtes. Après quelques années, il vend en 2005 la propriété à Mr Thomas BANNIGAN et Mme RUTLEDGE Eléonor. Ce couple y exerce le même style d’activités touristiques.

30- Les seigneureries

Guinefolle : L’hôtel, maison noble et seigneurie devait foi, hommage et cheval de service à Chez-le-Bois à Chavagnes-les-Redoux.

La famille Coquillaud
Le 11 novembre 1788, conformément à l’édit de tolérance de 1781 concerna l’état-civil des protestants, Philippe-Moïse Coquillaud demeurant à la Bonnelière de Saint-Michel-Mont-Mercure, fait enregistrer son mariage béni au Désert le 3 juin 1783, par le pasteur David, avec Aimée Coursin et déclare leurs trois enfants par le pasteur Jacques Métayer dit l’aîné.
Philippe-Moïse Coquillaud est né à Guinefolle de Monsireigne, le 9 avril 1752 et avait été baptisé au Désert par Germain le 8 mai puis étrangement rebaptisé catholique à Monsireigne le 15 juin sous un autre prénom (Pierre). Il était le fils de Moïse Pierre Coquillaud de Monsireigne et de Louise-Marie David, qui s’étaient mariés à Jersey le 22 juillet 1751.
Ces trois familles (Coquillaud, Coursin et David) sont fréquemment mentionnées dans les registres des pasteurs du Désert.
Philippe-Marc Coquillaud est décédé le 19 messidor an 2, à Saint-Valérien où il s’est probablement réfugié pendant les troubles.
Sa veuve revint habiter à la Bonnelière où elle est en tous cas dès septembre 1799 et où elle mourut en 1830. Elle est enterré dans le cimetière protestant familial à la Bonnelière.
L’aîné de leur fils Pierre-François Hippolyte, baptisé au Désert le 31 janvier 1786, habite la Sanelière de Monsireigne, est maire de Monsireigne et conseiller général du Canton de Pouzauges.
Le plus jeune, Aimé, Marcellin, baptisé au désert le 17 mai 1788, habite la Bonnelière et est maire de Saint-Michel-Mont-Mercure. Il meurt subitement au Vigneau de Pouzauges le 10 juillet 1855.
Source: Abbé Jean-Marie Dubil Dubin, natif de la Meilleraie-Tillay.

Histoire Guinefolle A
La Pothulière : (Et non la Poculière) porta d’abord ses droits à la Mothe St Germain puis à Bazoges depuis le XVIème siècle.
Chantefoin : C’était une petite seigneurie.
La Baudonnière : Une habitation construite en 1713, par Jean Loyau et Catherine Manjou, son épouse.
La Sanelière, le Bois-Tiffrais : Longtemps aux de Couhé, branche des de Couhé de Lusignan, issus eux-mêmes des Lusignan.
La Chauvinière : Habitation moderne qui a remplacé un vieux manoir comme la Sanelinière et le Bois-Tiffrais.

 

 

31- Jean TISSEAU, soldat de l’Empire (1786-1861)

Jean (Baptiste) TISSEAU, fils de Jean et Périsne Puaud, est né le 20 décembre 1786 à Mont Sirène, canton de Chantonnay, département de la Vendée. Histoire Jean Tisseau ACMNIl a été conscrit en l’an 1806 en réserve. Il est incorporé au corps du 85ème régiment de ligne le 1er frimaire an XIV (22 novembre 1805) au 21 janvier 1809 comme fusilier. Histoire Jean Tisseau 3Ce « grognard » est fait prisonnier en Russie en novembre 1812, lors de la fameuse retraite de Russie. Il réussit à revenir au pays.

Il décède à Monsireigne le 24 août 1861.Histoire Jean Tisseau 2

Sa tombe (au fond, à droite) surplombée d’une pierre tombale avec une épitaphe, se trouve dans le cimetière privé situé derrière le 46, rue de Rochereau,à Monsireigne.

Histoire Jean Tisseau 1

Informations provenant du site « Mémoires des Hommes ».
Merci, pour sa collaboration, à David Pelletier, délégué régional de l’ACMN (Association pour la Conservation des Monuments Napoléoniens) en partenariat avec le Souvenir Français.
     

32- Les Fabriques

La fabrique, au sein d’une communauté paroissiale catholique, désigne un ensemble de « décideurs » (clercs et laïcs) nommé pour assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à la construction puis l’entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse: église(s), chapelle(s), calvaire(s), argenterie, luminaire(s), ornement(s), etc.

Les membres du «conseil de fabrique» sont donc des administrateurs désignés plus spécifiquement par les termes de marguillers et de fabriciens.

Les revenus de la fabrique provenaient des quêtes, offrandes, dons en nature, loyers et fermages, legs mais aussi de la location des places de bancs dans l’église qui fournissaient un revenu régulier (bien souvent perçu annuellement à date fixe) pour la fabrique.

A l’origine, les fabriques étaient composées de membres du clergé (les marguilliers) qui dressaient la liste des pauvres. Les fabriciens furent ensuite des laïques élus par les paroissiens, avec le bureau des marguilliers. Supprimées lors de la révolution de 1789, elles furent ensuite rétablies comme établissement civil par le Premier Consul.

La loi du 9 décembre 1905, relative à la séparation des Eglises et de l’état, supprima les fabriques et leur substitua des associations cultuelles. Avant la Révolution et probablement après, de nombreuses personnes n’ayant pas de familles et qui possédaient un peu de biens, les donnèrent à l’Eglise afin d’avoir des messes pour l’Eternité.

Sur la commune de Monsireigne, il y avait plusieurs terrains dans ces cas-là.

  

33 -Histoire de maisons dans le bourg

La vieille maison de Jean-Louis Praud, avec ses fenêtres à menaux aurait fait partie d’un bloc de constructions moyenâgeuses converties en prieuré avec des moines. A l’arrière, on voyait encore une escalier en pierre à moitié démoli qui montait au dortoir. Il y avait dans la cave de Mr Péquin des poutres toute sculptées qui furent détruites lors de l’incendie du bâtiment. La construction était d’une certaine importance et fut en partie détruite soit durant les guerres de religion soit pendant la Révolution. Les pierres ont servi à la construction des maisons et des fermes actuelles où on en voit parfois certaines sculptées. La propriété des moines devait être très étendue avec un grand jardin remontant jusqu’au bout du jardin Charrier. Il reste encore des bases de murs en bordure de la route D113 (les maisons Péquin, la ferme Charrier et la rue des Lauriers n’existaient pas). Comme dans les autres monastères, ces moines cultivaient pour vivre et avaient un grand espace pour prier. Avant la Révolution de 1789, beaucoup de paroisses avaient des monastères ou des prieurés avec des moines : Grammont à St-Prouant, Chassay-L’Abbaye à St-Germain-de-Prinçay, la Grainetière aux Herbiers et beaucoup d’autres en Vendée.

Dans la vieille maison de Jean-Louis Praud, il y avait une belle cheminée moyen-âgeuse. Mr de la Débutrie l’acheta et l’installa dans son château à Rochetrejoux ? Lorsque Mr Joyau a vendu la Baudonnière, il démonta à l’étage deux très anciennes portes qui furent placées dans son château de famille à la Bonnelière de St-Michel-Mt-Mercure.

Au début du 20ème siècle, il y avait environ 80 exploitations agricoles sur la commune (une petite quinzaine en 2015 !). On y comptait un hôtel, plusieurs cafés dont trois à la Gare après l’ouverture de la carrière. A la Gare, on a compté jusqu’à 5 employés de chemin de fer. Il y avait des trains de pierres qui en partaient. L’été, les charrettes de blé qui venaient des communes environnantes et à longueur d’année, le minerai d’antimoine de Rochetrejoux.

Les plus anciennes maisons datant d’avant la Révolution, sont dans le bourg la mairie actuelle, les deux maisons Jean-Marie Giraud-Bély, l’ancienne à Jean-Louis Praud, la maison du jardin Maudet, celle du docteur Ariès. Dans les villages, la vieille maison Poupar à la Poculière avec son chêne vieux de plus de quatre siècles qui devrait être entretenu et classé monument historique. C’est le plus vieil arbre existant sur la commune. Au Coudrais, la vieille maison écroulée Camille Devineau ; à Guinefolle le porche et le souterrain ; probablement une à la Louraie. Au Petit-Tillais, la vieille maison Martineau. Beaucoup ont été détruites pendant la Révolution de 1789. Les maisons ont commencé à se reconstruire après l’époque napoléonienne.

   

34- Un accident tragique – 1825 –

Il nous faut raconter un drame qui se passa par un soir de décembre aux environs de la Louraie.

Le lundi 19 décembre 1825, sur les 7 heures du soir, la femme Paillat, de la Louraie, se présente chez Chaigneau, meunier à la Vergnaie et demande si on n’a point vu son mari. On ne l’a point vu.

La femme est bien inquiète : son mari, Louis Paillat, 52 ans, maçon à La Louraie, est parti le matin à la foire du Puybelliard. Il y a environ une heure que, de sa maison, elle l’a entendu chanter sur le coteau d’en face. Sans doute avait-il bu, ce qui lui arrivait aisément, surtout les jours de foire ? Il avait l’air de se diriger par un sentier descendant vers l’écluse du moulin.

La pauvre femme sort, sa lanterne à la main ; elle monte sur le coteau dominant l’écluse et aperçoit soudain le chapeau de son mari. Affolée, elle appelle au secours. A ses cris, des hommes, des femmes de la Vergnaie, de la Louraie, de la Landrière accourent. A la lueur des chandelles de résine, on cherche partout. Rien ! Pourvu qu’il ne soit pas tombé dans l’écluse !

Avec de longues perches, les hommes se mettent à sonder l’écluse. Tout à coup, Pierre Girard, de la Landrière appelle ses voisins : il sent quelque chose de mou au bout de sa perche : c’est le corps du pauvre maçon.

A grand peine, on l’arrache. On le porte ruisselant d’eau à la Vergnaie. Sa femme pousse des cris à fendre l’âme ! On dépose le corps sur un lit ; on essaye en vain de le ramener à la vie. Hélas ! il était bien mort ! On le transporte alors, de nuit, à la Louraie, au milieu d’une foule accourue de toutes parts.

Le lendemain, le juge de paix de Chantonnay, Ussault, dressa procès-verbal de son enquête. C’est de ce procès-verbal que nous avons extrait ce récit.

    

 

35- Moments d’Histoire locale à partir de 1850

  Monsireigne de 1850 à 1890, avait une population semblable à celle d’aujourd’hui (2013) variant de 800 à 1 000 habitants. Comme toutes les communes rurales, à la fin du siècle et dans la première moitié de XX ème, il y avait une multitude de métiers dont beaucoup ont, aujourd’hui, disparu. On a recensé entre-autre un chaisier, deux horlogers-bijoutiers, deux charrons, deux maçons, un charpentier, trois menuisiers, un couvreur, trois sabotiers, deux tisserands deux cordonniers, un boucher, un boulanger, un charcutier qui tuait aussi les cochons dans les fermes, un chapelier, un modiste, une coiffeuse, deux coiffeurs pour hommes qui avaient, l’un et l’autre, une profession, un tailleur pour homme, un marchand de poisson, un tonnelier, un fabricant de jougs, un bouteilleur de cru, un sacristain dont l’épouse tenait le café, un vétérinaire qui n »avait pas été reçu à ses examens mais qui soignait malgré tout le bétail, un marchand de grain, un brossier, un rémouleur, neuf meuniers exploitant chacun un moulin à eau sur le Lay, un bedassier. Ce dernier était parait-il une figure locale. Il avait un ou deux verrats pour la saillie des truies dans les fermes. Il fallait plus ou moins de temps pour se rendre chez les propriétaires. Cela dépendait de la bonne volonté du verrat !

  1850 : Autrefois, il y avait des fabriques de draps ; on n’y compte plus que quelques tisserands faisant de la toile sur commande. 11 moulins à vent et 3 à eau font tourner 17 meules.
Foires : Il s’en tient deux, les derniers vendredis d’avril et de mai. Elles sont bonnes, surtout la première, pour tout espèce de bétail, mais principalement pour les élèves, veaux et génisses et pour les porcs. Il n’y est pas mené de chevaux. Monsireigne réclame depuis longtemps la création de foires nouvelles.
Marché : Il a lieu tous les samedis.
Assemblée : L’assemblée gagerie a lieu le jour de l’Ascension.

  Autre figure locale : le remouleur. On l’appelait  » Vitesse ». Il réparait tout : les baleines de parapluies, les poêles et les casseroles trouées. Il vivait dans une seule pièce mal éclairée par une minuscule fenêtre, dans une crasse indescriptible. Cette pièce lui servait à la fois de cuisine, de chambre à coucher, d’atelier et c’était aussi le coin privilégié des enfants après l’école : une véritable arche de Noé s’y trouvait. Il élevait et soignait de son mieux des chats, des corbeaux, des tourterelles, des pies. Tout ce monde vivait en bonne intelligence.
En plus de cette multitude d’artisans qui faisaient la vie active et bruyante du pays, il y avait aussi beaucoup de commerces : cinq épiceries, une marchande de tissu, un café-tabac-régie, trois hôtels, cinq cafés dont deux avaient des pianos pour faire danser la jeunesse, deux marchands de chaussures. Il faut aussi mentionner les lingères, les couturières et les lavandières.
Quant aux fermes, on en recense environ quatre-vingts depuis la petite borderie de quelques hectares avec deux vaches, deux cochons, quelques lapins et quelques poules à la ferme de quarante à cinquante hectares en fermage ou en métayage.
Dans chaque ferme importante, il y avait en dehors des fermiers, les valets (le grand valet ou homme de devant), l’homme de charrue, le petit valet, la bonne ou chambrère, parfois une petite bonne en supplément qui avait onze, douze ans, les valets et les bonnes s’embauchaient à la Toussaint à la foire de Pouzauges pour notre région. Les garçons qui cherchaient un employeur mettaient une plume à leur chapeau.
Monsireigne aussi avait un docteur dont l’épouse tenait une pharmacie. Monsieur Baudry, Boismoreau, Bart, Dupont ont été les derniers notaires de la commune.
La gare de Monsireigne, à l’époque florissante où les transports de la carrière se faisaient par voie ferrée, avait deux hôtels et trois cafés.
Après Adolphe Thiers premier président de la République (1871/1873), vont se succéder 9 présidents, jusqu’en 1920 avec Paul Deschanel. Suivront encore 4 présidents jusqu’en 1940, sous la 3ème République qui dura de : 1870 / 1940
L’ouverture officielle de la ligne de chemin de fer a eu lieu en 1883 à la Roche-sur-Yon. De Saint-Mesmin à Chantonnay, les travaux ont été exécutés par Monsieur Antoine Portail, un auvergnat qui s’est marié en 1872 avec une demoiselle Ménard du Coudray de Monsireigne. Il avait également loué le terrain de la carrière à son propriétaire Monsieur Roncillac pour en commencer l’exploitation vraisemblable en 1902. La société d’exploitation des carrières de la Meilleray a acheté celle de Monsireigne et du Pont Charron vers 1930.

  Sur cette carrière où tant d’hommes de Monsireigne et des environs ont travaillé, ont été blessés ou sont morts. « Je me rappelle très bien le camp destiné à recevoir des prisonniers allemands en 1939. En juin 1940, les troupes allemandes ont traversé le bourg en vitesse venant de Saint-Prouant » témoigne André Gaboriau né en 1930. Et de poursuivre : « L’après-midi, nous avons vu les gardiens français du camp devenus prisonniers à leur tour traverser le bourg dans l’autre sens, direction l’Allemagne. Mais quelques-uns avaient eu le temps de s’échapper ! ».

  L’exploitation de celle de Monsireigne s’est terminée le 30 avril 1953. Depuis cette date, l’activité de la gare s’est amenuisée au fil des années. Il n’y a plus ni café, ni hôtel.
Dans le livre « La révolte vient de loin » on parle du Bagne de Monsireigne, installé à la gare. Les prisonniers étaient occupés à casser les pierres de la carrière. Des baraquements en bois dont il ne reste que peu de traces, abritaient les bagnards. Il paraît que ce bagne était un purgatoire à côté des champs d’Algérie. En 1917, le communiste Charles Tillon qui est devenu ministre en 1945, y était prisonnier politique.
Il y avait aussi une tuilerie au Petit Clou. La terre devait être extraite du côté de Sigournais, Monsireigne n’avait pas de glaise permettant la fabrication de la tuile. Une héritière d’un des moulins désaffectés « la Berthelière » a en sa possession une tuile découverte lors de la démolition de la dépendance. Elle porte l’inscription « Grignon a fait cette tuile en 1793, l’an quatrième de la grande misère »
A La Berthelière, un hériter a aussi en sa possession un certificat notifiant l’attribution d’une médaille d’honneur délivrée en 1908 à Monsieur Sireau pour service comme ouvrier meunier. La famille Sireau était dans la meunerie de père en fils depuis François Ier paraît-il. A cette époque, les fils reprenaient en général le métier de leurs pères. Les fils d’agriculteurs, les enfants d’artisans apprenaient le métier de chez leur père, continuant la tradition. Monsieur Robert Enfrein, qui vient de prendre sa retraite en 1992, est de la cinquième génération de charpentier.
Le carnet de compagnonnage de son arrière-grand-père qui était déjà ouvrier chez son père, existe encore. On l’appelait « Mord-nez » surnom dû à une bagarre d’enfant où il s’était défendu en mordant le nez de son adversaire. Il paraît qu’il était un très bon ouvrier mais qu’il avait un « sacré » caractère. C’était sans doute ce qui lui a valu de faire son trajet de compagnonnage  » Monsireigne via Paris – Lyon – Marseille » Il est allé à l’Exposition Universelle, désigné par le préfet de l’époque. Nous avons encore l’original de la lettre du préfet en mairie de Monsireigne et le carnet de compagnonnage.
Ce Monsieur, Pierre Enfrein, décédé en 1920, formait des ouvriers qui allaient avec lui sur les chantiers alentours, à pied le plus souvent, à bicyclette ou en voiture à cheval. Ils faisaient leurs charpentes sur place avec les troncs d’arbres abattus à l’avance dans les fermes ou dans les forêts. Ils avaient la clientèle des aménages (fermes dépendantes d’un château) de la région.
Monsireigne avait son marché aux volailles, aux porcs et aux veaux. Pour le gros bétail les meilleures foires étaient celles de Luçon, Maillezais, l’Oie, Cholet. Un homme et ses beaux-frères, par exemple, qui étaient marchands de bestiaux, emmenaient leurs bêtes à pied, dans la nuit pour les vendre et ramenaient, de la même façon, celles qu’ils avaient achetées ou qu’ils n’avaient pas vendues. Les patrons faisaient le trajet en voiture à cheval.
Recherches de Thérèse Hopko en 1994.
Documents :
• Histoire de Monsireigne par Léon d’Aude 1856
• Thérèse Hopko Monsireigne pour le livre « Un siècle d’histoire » édité par familles Rurales et disponible chez cette même personne.
• Archives communales
• Ouest-France
• Descendants des familles concernées
• Mise en page et compléments: Michel Bocquier.

   

 

36- La Voie ferrée

Chantefoin Pont sept 2015

Les deux ponts de Chantefoin à Monsireigne permettant le passage de la voie ferrée et du ruisseau : le Chantefoin.

La voie ferrée Thouars-Pouzauges
C’est Napoléon III qui donna le feu vert aux travaux de construction de la voie ferrée qui dessert Pouzauges. En signant le 10 juillet 1862, le décret déterminait le tracé du chemin de fer destiné à relier Napoléon-Vendée (La Roche-sur-Yon)à la ligne d’Angers à Niort.
Il convient d’abord de remarquer qu’il n’y a pas eu directement de projet pour une ligne de Tours aux Sables-d’Olonne, comme beaucoup seraient tentés de la croire. Cette ligne a fait l’objet de concessions fragmentées.
Le decret impérial du 12 novembre 1862 met en route la ligne de Napoléon-Vendée aux Sables-d’Olonne.
La ligne entière Bressuire-Les Sables d’Olonne a été ouverte entre 1866 et 1875. Commencé en 1869, le gros du travail ne fut achevé qu’en 1871, (le 27 mars 1871 plus exactement) l’allure en ayant été ralenti par la guerre de 1870.
Ce nouveau moyen de transport a reçu un accueil très réservé ! Nos grands-parents étaient traditionalistes. Toute invention nouvelle était suspecte, mal accueillie. Le progrès était détesté. Pour preuve, ces quelques vers d’une chanson à propos du chemin de fer:
« Si quelqu’un de nos aïeux, sortant du cimetière,
Voyait passer devant ses yeux cette horrible chaudière,
Il se signerait puis s’en irait, le coeur navré de peine,
Hélas ! Mes enfants sont donc bien méchants que Satan les emmène ! … »



37- Des Sirénémontains émigrent au Canada.

Dans ces cantons de l’est du bocage vendéen, émigrer est une nécessité économique pour les jeunes ayant une vocation agricole. Sensibilisé par la force de la propagande canadienne et les pressions du clergé, un flux de Vendéens s’amorce vers les grands espaces canadiens dès 1894. Ces départs de Monsireigne s’inscrivent dans la continuité de ce flux outre-Atlantique.

Le portrait type du migrant vers le Canada comportait quatre qualificatifs : être français, catholique, paysan et prolifique. Le Vendéen correspondait à l’identique.

On lui promettait une terre (environ 65 hectares, énorme par rapport aux petites métairies vendéennes de quelques hectares !). Si au bout de trois années, elle était cultivée avec une maison dessus, on en recevait un titre de propriété. Hélas, la réalité était souvent moins alléchante !

Les frères et sœur David.

René, Marie et Maurice DAVID. Archives privées Familles BORDIER et Gallot, Chantonnay.

Clément-Louis-Alphonse David né à Monsireigne le 15 avril 1882 et décédé à Chantonnay le 29 octobre 1964

Fils d’un maçon du bourg de Monsireigne, Clément DAVID correspond au profil vendéen des partants au Canada des années 1900 ; celui des artisans en mal d’argent et de travail. L’attrait de la nouveauté et l’espoir de commencer une nouvelle vie accrochés au cœur, il débarque à Montréal, destination Manitoba. Début mars 1904, il vit à Somerset. Un an plus tard, il est installé à Notre-Dame-de-Lourdes. Un bristol vert à son en-tête en poche et  le voilà naturalisé canadien en 1907. Toujours domestique néanmoins, il partage le travail de la ferme avec son compatriote Ferdinand Reverseau chez un troisième vendéen Gustave Ragot.

Clément David évite la mobilisation de 1914 et épouse en toute discrétion Eugénie Fouasse, veuve de Jean Bazin et mère de 6 enfants le 16 juin 1915 à Brandon. En ces temps difficiles, pour une « veuve avec enfants », n’importe quel homme était préférable à pas d’homme du tout. Clément cultive le homestead d’Eugénie avec Victor et Clément les plus jeunes fils de sa femme.

Patriote quand même, il regagne la France. Le 13 février 1917, il entre dans le bureau de recrutement de Fontenay-le-Comte. Sa guerre fut courte. Il profite d’une permission pour regagner son foyer canadien fin février 1918 et recevoir les honneurs d’un « poilu » dans le journal La Liberté.

L’entente entre les époux étant difficile, Clément David rentre définitivement en Vendée. Mais en quelle année ? Il n‘est plus inscrit dans le recensement manitobain de 1921 avec sa femme Eugénie. Il ne semble pas no plus qu’il soit revenu en France à cette date. On ne le retrouve que le 11 février 1927 à Fontenay-le-Comte. Il élit domicile à Monsireigne où il tient un petit commerce de bois près de l’église. Très admiratif de l’avance du machinisme agricole canadien en comparaison de celui des Vendéens, il ponctue ses phrases comme un leitmotiv de « eux autres, ils avaient des machines ! ». Au grand âge, il est recueilli par les enfants de son frère Théodule. Il meurt de vieillesse dans sa famille à Chantonnay.

Maurice-Jules-Théodule DAVID (né à Monsireigne en août 1874, décédé à la Meilleraie-Tillay le 9 octobre 1955).

Marie-Louise-Augustine DAVID née à Monsireigne le 25 septembre 1877 et décédée à Monsireigne le 24 mai 1945. Mariée le 9 juillet 1907 à Alexandre-Madeleine-Aimé Marionneau.

Théodule, sa femme Victorine et deux fils, sa sœur Marie-Louise épouse d’Alexandre Marionneau, décident de rejoindre leur frère Clément au Manitoba. Ils émigrent probablement au printemps 1911 si l’on s’en réfère à un changement de résidence. Théodule s’embauche comme tâcheron puis maçon à Notre-Dame-de-Lourdes. Il se construit une maison en pierres dans le village, la première dit-on. Sa femme Victorine tient le café-restaurant et loue des chambres à l’étage. Le bâtiment, toujours en service, donne sur la rue principale du village.

Victorine DAVID de retour en Vendée. Archives familiales Bordier et Gallot, Chantonnay.

Les enfants vont à l’école et apprennent l’anglais. Des amis les entourent, les Gaborieau, les Badiou, les Lesage. Mais Victorine est nostalgique de la Vendée. Lorsque son fils Maurice doit y effectuer son service militaire, la décision est prise de rentrer en famille quoi qu’il en coûte à Théodule qui a évité la mobilisation de 1914. Ils débarquent en famille au Havre le 28 février 1922, accompagné du couple Marionneau. De retour à Monsireigne, Théodule est toujours maçon. Sa femme assure les extras dans les propriétés des environs. Ce plongeon en Amérique a duré dix ans. Dix ans de bonheur canadien, se souvient-on en famille. Victorine fait admirer à ses petits-enfants ses souvenirs de là-bas, des colliers de perles, des réticules tressés par les indiens des Plaines.

Marie, sa fille née au Canada, devenue mère, berce aussi ses deux filles des anecdotes de sa jeunesse canadienne, heureuse et insouciante : les jeux dans la neige, l’école, les veillées égayées de chansons et de danses dans les familles canadiennes françaises.

Epris du Canada, Maurice, le fils aîné accompagné de deux nièces, retournent en 1967, l’année de l’exposition universelle de Montréal. Et bien évidemment, ils visitent Notre-Dame-de-Lourdes et les familles amies pour un bain de jouvence.

Les frères et sœur GABORIEAU.

Alphonse-Louis-Ernest GABORIEAU né à Monsireigne le 7 juillet 1876 et décédé à Notre-Dame-de-Lourdes le 1er avril 1930. Marié le 24 nov. 1903 à Anna Lesage (1887-1953).

Alphonse, Anna GABORIEAU et leurs enfants à Notre-Dame-de-Lourdes. Au 1er rang: Honoré, Adélard, Cécile, Alphonse, Antoine, Anna, Marie-Blanche, Maurice et Marie-Louise. Second rang: Joseph, Paul et benoît. Archives privées Familles Bordier-Gallot, Chantonnay.

Onésiphore-Florentin-Louis-Hilaire GABORIAUD (Il y a bien un D à la fin du nom !!!) est né à Monsireigne le 16 sep. 1884 et décédé à Notre-Dame-de-Lourdes le 25 août 1930.

Hélène-Alphonsine-Marie-Ange GABORIAU est née à Monsireigne le 19 septembre 1888 et est décédée à Notre-Dame-de-Lourdes le 4 septembre 1979.

Alphonse GABORIEAU est du groupe des 13 Vendéens, tous passagers de 3ème classe, montés à bord du Statendam, à Boulogne-sur-Mer, le 4 avril 1903. Arrivés à New-York, le voyage se poursuit au milieu d’un tohu-bohu d’immigrants. Terminus noté sur la liste des passagers : Rathwel au Manitoba. Son frère et sa sœur, Hilaire et Hélène, le rejoignirent dans cette aventure avant l’été 1908.

Instruit par l’expérience de ses prédécesseurs, Alphonse Gaborieau sait qu’il est préférable d’arriver au printemps, le temps de retourner la terre, de préparer le potager et de couper du bois pour bâtir à l’automne. Il sait aussi que la propriété de la terre lui reviendra trois ans plus tard ; une idée impensable en Vendée où il serait métayer toute sa vie durant. C’est plus qu’il ne peut espérer, une terre rien qu’à lui, 160 acres, quelque chose comme 65 hectares.

Après s’être mis au service de Gédéon Lesage, son futur beau-père, pour gagner ses premiers dollars, sa vie de colon commence sur le quart de section S-O du Towns-hip 12 – Range 6 – Section 9. Alphonse travaille d’arrache-pied dans son homestead avec, en ces débuts, une paire de bœufs et une charrue. Il élève un cheptel de bovins et de porcs tout en cultivant des céréales : blé, avoine, orge. Il bûche le bois : trembles, peupliers pour le chauffage en hiver et la cuisine. E ces succès, il a l’estime de sa femme et dix jeunes enfants égaient la maisonnée. Un chaud-froid de printemps provoque une pleurésie doublée d’une pneumonie aggravée par le tabac. Alphonse meurt à 53 ans.

Sa première terre ayant été hypothéquée pour une seconde plus vaste, à son décès, sa femme, insolvable, perd la ferme. « N’ayant pas pu retenir l’entreprise familiale, ils étaient devenus des assistés sociaux et avaient dû subir les humiliations que la société de cette époque déversait sur les infortunés sans défense ». Femme brisée mais courageuse, Ana Gaborieau loue une petite maison à Notre-Dame-de-Lourdes. Les six aînés quittent rapidement le village pour faire « leur vie ».  Anna vit en autarcie avec les quatre derniers, encore en bas âge. Dans cette société de colons fondée sur une vie simple calquée de France, la ségrégation sociale rejette vite les plus démunis. Or les Gaborieau n’ont que le bien-être social pour vire. Une assistance « très mal vue  l’époque étant donnée qu’elle se fait aux dépens des autres familles.

Sources : Les Vendéens au Canada de Jacqueline COLLEU. Edition du CVRH.

 

Jacqueline COLLEU, auteure du livre: Les Vendéens au CANADA.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 22 septembre 2017, Mme COLLEU et son mari, qui s’y était engagé auprès des familles canadiennes originaires de Vendée citées dans son livre, a organisé pour ceux qui le souhaitaient en lien avec l’office du tourisme un accueil dans la Vendée de leurs ancêtres. Pas moins de 15 d’entre eux étaient là.  Cette soirée festive a eu lieu au  DOMAINE MOURAT à Mareuil-sur-Lay,  pour se faire rencontrer les familles vendéennes qui ont eu des ancêtres à partir avec nos amis canadiens en visite pour 3 jours en Vendée .

Des Sirénémontains  étaient présents.

Pour situer les présents :

Alphonse GABORIAU est parti au Canada en 1903.

Son frère Georges est resté à la ferme du Logis de Monsireigne.  Il a eu six enfants dont  les GABORIAU de Monsireigne (en 2017) sont les descendants de la 2ème et 3ème générations.

Son frère Hilaire est parti au Canada en 1908.

Sa sœur Hélène est partie au Canada en 1908 également.

A gauche, Claudine GABORIAU, épouse de Guy GABORIAU. A droite, Claude GABORIAU, épouse de Gilles GABORIAU. Hélène et René GABORIAU.

A gauche, Francis GABORIAU, de la 3ème génération, un descendant de Georges GABORIEAU.

  

 

  

 

  38- Le Petit Clou : 1914-1918

Au début du siècle dernier, il n’y avait que cinq maisons qui étaient de petites fermes agricoles. Lorsqu’éclata la guerre 14-18, le village paya un lourd tribut en hommes. Voici la liste des mobilisés.

  • POIRON Armand (né en 1885), le 1er mari d’Antonine Grenier, mort au combat.
  • BLAUD Maxime (né en 1888) : le second mari d’Antonine Grenier, mutilé : il a perdu un œil.
  • BLAUD …. (né en ?), frère de Maxime, mort au combat.
  • DEVAUX Hubert (né en 1893) , mari de Louise Grenier, sœur d’Antonine, fut un soldat héroïque, toujours volontaire pour les coups de main dans les tranchées ennemies, décoré, démobilisé à la fin 1918.
  • SOUCHET Louis (né en 1876): époux de Lydie Baranger, mort au combat. En réalité, Louis Souchet habitait à Chantefoin. Son épouse, en 1925, est venue habiter au Petit dans une borderie aujourd’hui habitée en partie par Mr et Mme P. Jagueneau et en partie par Mr et Mme Lebaro.
  • PASQUIER Alexandre (né en 1877) : frère de Maxime Pasquier, mort au combat.
  • BARANGER Jean-Marie (né en 1871) : 2ème mari de Marie Pasquier, démobilisé fin 1918.
  • DAVIAUD Raymond (né en 1899) : appelé sous les drapeaux en mars 1918, démobilisé en déc. 1921 après avoir été en occupation en Allemagne.
  • MASSON Célestin (né en 1888) : démobilisé fin 1918.

Pour commémorer tous ces sacrifices, les habitants du village décidèrent une statue de la Piété. A l’angle de la route de Sigournais, la famille Boudaud de Monsireigne à qui appartenait le terrain, permit la construction de la statue. Il a fallu cinq années pour trouver les fonds nécessaires. C’est en 1924 que fut inaugurée la statue du Sacré-Cœur lors d’une mission, bénie par l’abbé Baradivin, alors curé de Monsireigne.

Au début de 1944, il y eut un retour de Mission afin d’honorer le 20ème anniversaire de l’inauguration du Sacré-Cœur. De la grande porte de l’église jusqu’au pied de la statue, sur plus d’un km, tous les 5 mètres, furent plantés des deux côtés de la route des tiges de houx garnies de belles roses. Ce fut une très belle fête.

La guerre se termina l’année suivante, en 1945 et le village du Petit Clou fut encore endeuillé par le décès d’un fils du pays : Marcel Souchet époux de Gabrielle Paillereau, prisonnier de guerre pendant 5 années. Il décéda suite à un bombardement le 5 mars 1945, quelques semaines avant d’être libéré. Il avait 34 ans. Il était le fils de Louis Souchet, mort au combat pendant la guerre 14-18.

Si un jour les services de l’Equipement décidaient de modifier le carrefour, la statue pourrait être déplacée si les travaux l’obligeaient. Mais elle ne doit en aucun cas être supprimée. Elle a été construite avec le prix du sacrifice et du sang de nos courageux soldats. Pour nous, les descendants, c’est notre « monument aux morts ». Si on passait outre, nous nous insurgerions tous car ce Sacré-Cœur nous protège et commémore leur souvenir. Le Sacré, on n’y touche pas.

Fait à Monsireigne, le 1er janvier 2011.

Pour les descendants de ces familles : Raymond Daviaud.

PS : La famille Bouillaud accepta avec plaisir que l’on élève une statue sur ce bout de terrain à condition qu’il soit entretenu par la paroisse. Les premiers à l’entretenir furent la famille Souchet, parents de Simone Mary. Par la suite, la famille Guignard parents de Jeanine Roulleau de la Maison Neuve a poursuivi l’entretien. Ces deux familles demeurant successivement en face de la statue y cultivaient de beaux parterres de fleurs. Il y eut un accident qui endommagea la grille. La commune la fit réparer. En 1993, René Maudet a repeint la statue ainsi que le socle.

Depuis, après vente et revente de la parcelle entière, ce petit bout de terrain est en friche. Que faire par rapport à l’Histoire de nos anciens ?

 

39- 1939-1945: la collaboration

En 1940, Monsireigne comme une bonne partie de la France subit l’occupation allemande. Les chefs-lieux de cantons furent occupés plus longtemps. Au printemps 1941, les Allemands occupants Chantonnay avaient envisagé de faire des exercices de tirs au canon avec pour cible le bois des Accacias près de la Brousse. Le préfet de la Vendée, Mr Jammet, qui faisait son travail mais qui n’était pas un collaborateur, avertit le maire de l’époque le Docteur Charrier. Tous deux firent une démarche auprès de la Kommandantur de la Roche-sur-Yon indiquant le danger qu’il y aurait, de nombreuses habitations étant très proches. Ils eurent gain de cause et les tirs furent annulés.

Dès le début de l’occupation, un ordre vint dans les mairies de récupérer immédiatement toutes les armes, fusils de chasse et munitions, les Allemands craignant des attentats. Le secrétaire de mairie, ancien combattant et mutilé de guerre de 14-18, ordonna aux chasseurs de donner des vieilles armes à la place, s’ils en avaient ou en trouvaient. Il conseillait de garder les bonnes car ils en auraient besoin un jour pour chasser l’ennemi. Il a organisé des réunions afin de cacher et de soustraire le plus possible tout ce que les Allemands réquisitionnaient.

Il y avait un ancien instituteur, grand collaborateur avec l’ennemi, qui découvrit ces réunions et les signala au préfet. Il y dénonçait de dangereux communistes réunis autour du receveur des PTT Mr Fouquet, de son gendre un instituteur Mr Robin et du facteur Roger Coutant entre autres.

Suivant les lois en vigueur votées par le gouvernement de Vichy, le préfet devait donner ces lettres de dénonciation à la Kommandantur. Le préfet informa immédiatement le maire, le docteur Charrier qui partiit aussitôt à la préfecture. Tous deux complices réussirent à faire traîner l’affaire avec beaucoup de précautions. Ne voyant pas de suite, l’instituteur réécrit au préfet le menaçant d’avertir directement la Gestapo à Paris. Il était adhérent à « Collaboration », un groupe terriblement dangereux qui dépendait directement d’Himmler, le chef de la gestapo et des SS en France. Le préfet écrit alors à l’instituteur que tout avait été fait (ce qui n’était pas vrai !). Et avec le maire, ils firent traîner l’affaire. La libération arrivant, l’instituteur fit plusieurs jours de prison, puis fut libéré grâce au concours de son père, grand mutilé de la guerre 14-18 et qui, lui, était très estimé.

En septembre 1944, le curé Baradivin quitte la paroisse. En son honneur, une petite fête a été donnée à l’ancienne salle paroissiale à côté de la ferme du logis (cette salle qui est devenue le garage Chasseriau jusqu’en 2000). Au milieu du spectacle, trois « résistants » (de la dernière heure, il faut le préciser) emmenés par une personne de Monsireigne (un réfugié) font irruption. Ils portaient des armes et des grenades à la ceinture. Ils voulaient que soit décroché le portrait du maréchal Pétain « traître à la patrie comme le général Bazaine » (ce sont leurs mots exacts). pour le remplacer par celui du Général de Gaulle. Ils promettaient de revenir. Les hommes sont allés chercher une échelle et ont accroché une croix. Les soi-disant « maquisards » ne sont jamais revenus.

Les réfugiés. Ils sont arrivés en grand nombre en juin 1940 après la débâcle. Ils provenaient des Ardennes (Givet) et de Belgique. La plupart sont rentrés au cours de l’été. D’autres sont restés. Mais la vie de la commune a bien été chamboulée comme elle l’a été quelques temps plus tard par l’occupation allemande. Cette dernière n’a pas duré longtemps et surtout, elle n’avait rien d’agressif.

Le maire, le docteur Charrier, est décédé en 1956. Peut-être une rue ou une place pourrait-elle porter son nom à Monsireigne ? Pendant l’occupation, il a pris de très grands risques.

  

40 Un camp d’internement: 1939-1948

Histoire Camp 4 octobre 1940-18 novembre 1940. Des baraquements installés en bordure des carrières (à proximité de la gare de Monsireigne-Chavagnes-les-Redoux) accueillirent pendant quelques semaines une population jugée indésirable. Une centaine de tziganes va y être internée.

  Jacques Perruchon (Charente-Maritime) est un écrivain qui, afin de collecter des renseignements, a été accueilli à Monsireigne en août 2002. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Camps d’internement en Poitou-Charentes et Vendée de 1939 à 1948 ». Voici un extrait de son livre.

Extrait. Monsireigne est signalé sans commentaire par Denis Peschanski comme camp d’internement pour nomades existant en décembre 1940. Le préfet a reçu le 4 octobre 1940, les instructions de l’occupant allemand: « Les Tziganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d’internement surveillés par des policiers français ». Le préfet prend immédiatement un arrêté (le 4 octobre) astreigant « les romanichels à stationner à Monsireigne », dans le bocage vendéen.
En application du décret du 6 avril 1940, le préfet de Vendée assigne les nomades à résidence et prescrit leur regroupement à Cheffois, Velluire, Treize-Septiers, Saint-Julien-des-Landes et Sallertaine. Obéissant aux ordres des autorités allemandes, l’arrêté du 4 octobre 1940 astreignit les nomades à « stationner au camp de Monsireigne », dans le bocage vendéen. Des baraquements installés en bordure des carrières (à proximité de l’emplacement actuel de la gare de Monsireigne-Chavagnes-les-Redoux) accueillirent pendant quelques semaines cette population « indésirable ». Ce fut la cas de ce nomade, arrêté à Mortagne-sur-Sèvre par la gendarmerie au cours de la 1ère quinzaine de novembre 1940, parce que « rémouleur ambulant » précise le rapport administratif des archives départementales du Maine-et-Loire.

  Cet épisode a laissé peu de trace dans la mémoire collective: « Je ne me souviens plus combien de temps ils restèrent. Ni combien ils étaient. il y avait des gens de tous âges avec des vêtements originaux et des roulottes. On les voyait peu. Mais ils étaient autorisés à sortir: ils allaient dans un café à proximité de la gare » se souvient André Legé. Il avait alors une quinzaine d’années et habitait l’Hôtel des voyageurs que tenait sa mère . « Leurs caravanes ont été embarquées sur des wagons. Ils ont été ensuite emmenés en train. Vers où ? Je n’ai pas su ». C’est le moment de la fermeture du camp, le 18 novembre 1940. La plupart fut transféré au camp de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) et au château de Châtillon, à Boussay (Deux-Sèvres).
Ces carrières, annexes de celles de la Meilleraie-Tillay où, selon Charles Tillon, existait un autre bagne militaire, ont une histoire : elles furent ouvertes pour fournir le ballast de la voie ferrée locale (la ligne des cocus, disait-on, car elle emmenait chaque été aux Sables-d’Olonne, les femmes des riches Parisiens restés, eux, au travail dans la capitale). Pendant toute la première moitié du XXème siècle, on y a tiré et concassé la diorite, pierre bleue très dure utilisée pour la construction des routes. Les ouvriers affectés aux plus lourdes tâches étaient des bagnards, selon l’appellation locale. En réalité, il s’agissait de condamnés, par les tribunaux militaires, à ce qu’on appelait du travail public, doux euphémisme dont on qualifiait les bagnes militaires dont les plus connus sont les bataillons disciplinaires d’Afrique, les Bat d’AF. Monsireigne était le camp nO 10, la plupart des autres étant situé en Afrique du Nord. Charles Tillon (futur ministre communiste du général de Gaulle en 1944), qui fit partie des mutins communistes de la Mer Noire après la fin de la Première Guerre mondiale et pour cela condamné à cinq années de bagne, y aura purgé une partie de sa peine. Considéré comme un meneur de la révolte, en 1919, de l’équipage du croiseur Guïchen, sur lequel il était quartier-maître, il fut condamné par le tribunal de la marine de Brest, à cinq ans de travail public. Il a décrit ainsi sa nouvelle résidence, début janvier 1920 :
« La cour intérieure du camp s’incline doucement vers une rangée de réduits bâtis en parpaings. La gare de Monsireigne est proche, on entend manoeuvrer une locomotive. Deux grandes baraques jumelles occupent une partie du terrain. Lorsque des nouveaux arrivent à l’heure de la pause de midi, tous les condamnés sont bouclés… »
Il dit aussi combien la vie y était rude, sous la surveillance de militaires violents, dans des conditions alimentaires et sanitaires inhumaines. Les punis purgeaient leur peine, presque sans nourriture, dans une douzaine de cellules étroites et obscures et qui ne désemplissaient jamais. Un tunnel, toujours visible de nos jours, permettait aux wagonnets (dont quelques rails persistent) de mener la pierre jusqu’au lieu de concassage, lui-même tout proche de la gare. Cette activité avait mené à l’ouverture de trois cafés, dont un ou deux étaient aussi hôtels.
Le séjour de Charles Tillon à Monsireigne se termine le 10 juillet 1920. Via marseille, il va rejoindre le camp de travail public de Dar Bel Amri, au Maroc. Les conditions de vie seront là encore plus difficiles qu’à Monsireigne ; nombre de prisonniers meurent, souvent de maladies exotiques. Il bénéficiera d’une libération anticipée, comme ses camarades du Guichen internés avec lui.
Sans pour autant se mêler, tsiganes et bagnards ont ainsi cohabité quelques semaines, dans un lieu isolé du monde fréquentable, entouré seulement de quelques cafés et hôtels fréquentés par le détachement militaire de garde, le personnel non pénal de la mine et les nomades.
Suivant les époques, la main-d’oeuvre de la mine a varié. Dans l’entre-deux-guerres, des ouvriers étrangers ( Italiens, Polonais, Espagnols ) sont venus y travailler, attirés par des contrats qui ne seront pas respectés. En 1939, le ministre de la Guerre avait prévu d’en faire un camp de prisonniers allemands, mais les événements tournèrent autrement : ce sont les militaires français qui préparaient ce camp qui se retrouvèrent derrière les barbelés. Pourtant, en 1944, un commando de prisonniers de l’Axe y fut affecté. En 1947, des Asiatiques y ont aussi travaillé. Il s’agirait, selon André Legé, d’Indochinois internés là par le gouvernement français.
Les rares témoins encore vivants de l’activité de ces carrières et du camp de gitans ne sont pas très loquaces. Ce sont des événements sur lesquels la mémoire collective préfère visiblement mettre un voile. Même la nature participe à l’effacement des derniers vestiges rappelant l’existence de ce passé pourtant encore proche. En 1952 déjà, presque tout avait été rasé. Du peu qui restait, un propriétaire privé n’a conservé qu’une modeste cabane en parpaings qu’il a refaçonnée. Il y a installé de loin en loin des petits miradors, des bancs et des tables, d’où l’on peut admirer le magnifique site que représente l’ancienne carrière : une sorte de grand cratère de volcan aux parois abruptes au fond duquel, sur un lac de deux hectares et demi que le propriétaire a empoissonné d’espèces variées. On peut voir des oies, des canards de toutes sortes dont certains sont permanents et d’autres en migration. Parfois même, quelques cormorans viennent, en prédateurs, prélever leur dîme de poissons. Pour maîtriser l’envahissante végétation, pas de machines, mais un âne et une demi-douzaine de moutons noirs. Un chien, des pigeons aux plumages variés et quelques faisans complètent l’environnement. Devant un spectacle aussi bucolique, aussi calme et reposant, il est bien difficile d’imaginer que, pendant quelques décennies, des êtres humains ont souffert là et sont morts (selon Charles Tillon) par la seule volonté d’autres hommes.

  A la libération de la Vendée en septembre 1944, une dizaine de soldats allemands y fut internée. Certains travaillèrent aux carrières situées entre la Meilleraie-Tillay et Monsireigne, d’autres dans les environs. « Par la suite, on transféra ces prisonniers vers Châteaubriant. Cependant, l’un d’eux resta et épousa une des habitantes de Monsireigne » poursuit André Legé. Ce prisonnier était Henri HODE qui a demeuré au 21 rue des Ornaies. Les plus âgés se souviennent de lui.

  A l’heure actuelle, en 2015, ce lieu est bien entendu privé, donc non visitable.

  

41- Charles Tillon

Histoire Charles Tillon 3

Charles Tillon vers 1915.

Charles Tillon
Bagnard, minisre de De Gaulle.
Charles Tillon a 23 ans. Il vient d’être jugé et condamné par le conseil de guerre de Brest un jour de 1919. L’ajusteur rennais, engagé en 1917, dans la marine, comme quartier-maître mécanicien sur le « Guichen » est un des « mutins » de la fin de la guerre. En 1914, ce bâtiment servait au transfert des troupes pour l’armée d’Orient. L’entrée en prison avec un capitaine qui cravache chacun des mutins. Et beaucoup plus tard, le départ pour les bagnes. La guerre mondiale était finie. Les marins n’en restaient pas moins mobilisés. Le Guichen continuait, inlassable, à débarquer des troupes Françaises en Grèse. Pour une destination inconnue, d’abord, de l’équipage.  En route vers la Russie devenue soviétique depuis 1917, où les pays occidentaux participaient à l’opération  » contre-révolutionnaire » du général Wrangel et de l’amiral Koltchak. Tillon l’a raconté dans ses livres… « Au bagne vendéen, je cassais des cailloux en regardant passer les trains de plaisir vers les Sables-d’Olonne, vers la Rochelle ».

Ce que raconte Charles Tillon c’est l’histoire d’une désobéissance. Le mutin de 1919, devenu membre du bureau politique du Parti communiste, puis député maire à Aubervilliers en 1936, responsable des Francs-tireurs et partisans en 1941, puis ministre de 1944 à 1947, se fait juge de son passé et retrace, heure près heure, la prise de conscience, individuelle, puis collective, de l’équipage du Guichen…

Histoire Charles Tillon 4

Charles Tillon après la guerre 39-45.

Charles Tillon raconte.- « Avant de partir, on avait subi l’épreuve affreuse de la dégradation de Brest et, au dehors, les gens de Recouvrance aux fenêtre. On m’avait arraché mes galons de laine. On m’avait, comme les autres, habillé de bure brune et coiffé d’une casquete avec une énorme visière. Puis, enchaînés, on avait pris le train pour Monsireigne. Après des stations dans les prisons de Nantes et de la Roche-sur-Yon, on arrivait au pays de Clemenceau.
Chaque matin, à sept heures, on nous emmenait donc à la carrière, au sifflet et à coup de bâtons. Nos gardiens, c’étaient des Noirs. Des braves types quand on les connaissait. Ils étaient armés de coupe-coupe et encadrés par des sergents. Le chef de camp était un adjudant de la coloniale, au museau féroce, qui ne décollait pas du bistrot du bourg. C’est lui-même qui s’était choisi son surnom: « La Panthère ».
Il fallait refaire les ballasts des voies ferrées pour les pays dévastés. C’est pour cela qu’on cassait des cailloux. Nous travaillions à relever le pays ! La carrière appartenait à un entrepreneur de matériaux. Bonne affaire: il avait de la main-d’oeuvre gratuite. Mais c’était pour la patrie !
  Je me revois arc-bouté le long du rail et poussant le wagonnet jusqu’au pied de la rampe. Oui, je cassais des cailloux comme un bon bagnard. On appelait ces cailloux de la « bleue ». Il fallait la débiter avec un marteau de masse qui pesait deux kilos. Si on taillait mal, on recevait des coups de bâton de nos gardiens jusqu’à ce qu’on ait rien compris la manière. C’était un bagne militaire. Les « travaux publics » comme on disait. Mais pas à Tataouine. Ce pénitencier auxquels les camps nazis ressemblaient étrangement, se trouvait au coeur du bocage de Vendée, près de Monsireigne.
  On l’appelait le camp 10 car il y en avait d’autres échelonnés le long de la ligne de chemin de fer Bressuire-La Roche-sur-Yon. J’y étais arrivé à la mi-janvier 1920 avec six autres marins du « Guichen ». On allait y passer six mois avant d’être déportés vers un autre bagne militaire d’où j’allais sortir mourant pour être enfin rendu à la vie libre en avril 1921. Dar Bel Hamri (mon nouveau camp en Algérie) serait pire que Monsireigne, ce n’est pas peu dire … »
  Le dimanche, quand il faisait beau, on sortait les couvertures dehors pour tuer les puces. Habitude. Au passage à la prison de Nantes, on avait déjà ramassé les poux. J’avais même fait un poème là-dessus écrit sur le mur. La distraction dominicale, c’était aussi le tatouage. Comme je dessinais pas mal, on me demandait d’inventer des motifs: des ancres, des Vénus et même un lion pour décorer les alentours d’un nombril. Moi qui avais rêvé de faire les Beaux-Arts de Rennes …
  L’extraordinaire, c’est que ce bagne infect se trouvait tout à côté d’un village… Les cloches du matin n’en finissaient pas de sonner. Mais nous n’avions contact avec aucun habitant, sauf avec quelques cheminots. Et cela me sera bien utile un jour. Autrement, on nous méprisait. La population vivait avec son bagne et s’en trouvait très bien. Je vous l’ai dit: on était au pays de Clemenceau. Et Clemenceau avait gagné la guerre. Nous, nous la perdions. Nous étions dans un pays très croyant. Le bon Dieu était pour la justice, mais aussi pour l’enfer. Nore camp où on crevait, au vrai sens du mot, de maladies pas soignées, c’était l’enfer, la punition méritée. Nous étions le déchet de la guerre. Il y avait des voleurs, des bagarreurs, des durs: un vrai un tatouage « Mort aux vaches » sur le front. Mais nous, nous étions respectés par les autres bagnards. Nous étions les marins qui s’étaient révoltés ».

  Janvier-Juillet 1920. Deschanel président, Clemenceau évincé. Deschanel en folie, qui se promène en pyjama sur la voie ferrée. Les prisonniers allemands retournent dans leurs familles. Canonisation de Jeanne d’Arc. Grèves générales dans les Chemins de fer, les mines. Le bagnard Tillon et ses compagnons de Monsireigne le savent. Leurs trains de cailloux ne partent plus. Espoir. Et si la gauche ? … Mais la Chambre est toujours bleu-horizon.

  Ce plaidoyer d’un homme de 72 ans, hissé au faite du mouvement ouvrier, soudain exclu de toute activité politique importante, est souvent pathétique. Plus que le témoignage, au demeurant écrit à la perfection, d’un fait de gloire révolutionnaire, La révolte vient de loin est celui d’un homme en quête de ses frères. »Histoire Charles Tillon Livre

Couverture de Pierre Bernard
Photos Julliard
Edition Julliard 1969

Carnet d’un casseur de pierres
Tout va bien dit le bourreau, la situation du malheur est prospère. (Henri Michaux)

  Les détachements de condamnés aux « travaux publics » se sont dissous par paquets dans les carrières de la région, entre la Roche et Bressuire.
Nous sommes arrivés à douze vers midi, au camp N°10. Des sergents de l’infanterie nous attendaient à l’entrée d’une double enceinte de barbelés.
-Déshabillez-vous !
Le rouquin qui s’occupe de moi secoue mon sac et paraît outré d’en voir tomber deux livres. Il ouvre  » le William Shakespeare » du père Hugo.
-Ici pas de lecture. On ne fait que travailler.
Il note sur une feuille de papier les objets dont il me dépouille. Ce travail lui fait oublier de secouer mes souliers. Ce qui sauve mon carnet enveloppé dans une chaussette crasseuse.
Devant la fenêtre d’un baraquement, un soldat nous jette une couverture et un paquet de treillis.

  La cour intérieur du camp s’incline doucement vers une rangée de réduits bâtis en parpaings. La gare de Monsireigne est proche, on entend manœuvrer une locomotive. Deux grandes baraques jumelles occupent une partie du terrain. Lorsque des nouveaux arrivent à l’heure de la pause de midi, tous les condamnés sont bouclés. Les sergents font grincer les serrures. Les voix que nous percevons se taisent. On pénètre dans un demi-jour, une allée gravillonnée sépare deux doubles rangées de bat-flanc superposés. Dans les cases placées au ras du sol nous voyons des hommes s’agiter. La porte se referme. Les détenus se précipitent, sautent de l’étage et nous séparent pour mieux assaillir chacun de nous de questions inspirées par plus de méfiance que de sympathie :
– D’où que tu viens ? Pourquoi que t’es tombé ? Tu tires combien ? Avez-vous passé des pi, des pipes ?
Un grand type décharné et dont le crâne rasé porte des traces de teigne me crie :
– Qu’est-ce qu’on dit à Nantes de l’amnistie ? Ah ! C’est des matafs… Dis donc, z’ont été sonnés ! T’entends ça ?

Mais il faut chercher une paillasse libre pour poser notre léger barda et nous confondre dans ce grouillement d’inconnus dont le jargon me semble aussi plein d’ombre que la lugubre chambrée. Dans la cour, les sergents sifflent le rassemblement. La carrière est à deux cent mètres. Nous suivons les rangs. Un troupeau paisible au pas traînant, dans un paysage de grisaille sur lequel des sentinelles « bleu horizon » se plaquent en décalcomanie….Histoire Charles Tillon 1

Photo dans le livre : La carrière de Monsireigne en Vendée (Les bâtiments du concasseur 1920)
Extrait d’un passage du début de ce chapitre (page 329 à 330) relatant son exode à Monsireigne, qui se poursuit jusqu’à la page 362.

 

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42- Le travail au début du 20ème siècle

Le travail était très dur pour tous: paysans, artisans, ouvriers, carriers. Tout se faisait manuellement. Il y avait une émulation dans le travail. Chacun donnait le maximum pour se faire valoir. C’était une forme d’orgueil.

Dans les carrières, les hommes travaillaient six jours sur sept et dix heures minimum par jour. Ils étaient payés aux « pièces » au moins ceux qui étaient au fond. Les wagonnets remplis de pierres extraites à la mai, roulaient sur des rails traînés par des chevaux. Les coups de mine étaient préparés à l’avance. Un deuxième coup de sirène clôturait l’envol des pierres. C’était très dangereux et beaucoup d’ouvriers ont été blessés. Certains ont dû être amputés. Ces rescapés restaient employés pour des postes faciles, souvent de gardiennage à la carrière.

Les paysans payaient les artisans une fois par an, à la Toussaint en général, après la vente de blé ou de bestiaux rentrant des prés en cette saison. Tout le monde vivait tant bien que mal, plutôt mal que bien, avec assez peu d’argent. Il est vrai qu’à cette époque, on avait peu de besoin. Le chômage était inconnu, mais la retraite n’existait pas. On travaillait très jeune et jusqu’à la fin. Malgré cette vie de labeur, les gens étaient heureux et nos villages étaient de véritables ruches. Les anciens regrettent un peu ce temps où l’on entendait l’enclume, les charrettes à bœufs, les marteaux des charpentiers… Le confort est arrivé… Il faut savoir en profiter… Pourrions-nous retourner à la vie d’autrefois avec ses contraintes, ses longues journées, la lampe à pétrole, les chemins creux, la vie en cercle fermé ?… Honnêtement, on préfère aujourd’hui, tout en ressassant les souvenirs de nos aînés.

Écrits : Thérèse Hopko 1994

  Le bourg était doté de nombreux commerces : plusieurs épiceries, un boulanger, un boucher, un charcutier, un marchand de poissons et primeurs (le dernier était Marcel Gaboriau), un marchand de vélos et motos ( le dernier était Bricier, le dernier mécanicien avait pour nom complet Mr René Bricier. Il fut présent à Monsireigne de 1950 à 1967. On trouvait aussi un bijoutier; deux cordonniers dont Clément Poisblaud, le dernier; un chapelier; une vente d’articles de pêche; deux ébénistes; deux charpentiers; trois maçons; deux charrons; trois forgerons; un moulin à eau. Avec l’évolution et le modernisme, la quasi-totalité de ces métiers et commerces a disparu.

Nous avons mémoire qu’il y a eu cinq notaires successifs à Monsireigne (peut-être d’autres au début du XIXème siècle. Mr Raymond Daviaud possède des actes de :

  • Maître Charles Delavau (il a deux actes datés du 13 avril 1834 et du 29 juillet 1838).
  • Maître Hippolyte Baudry (il y a plusieurs actes datés du 7 novembre 1852 au 15 mai 1868).
  • Maître Martrial Boimoreau (actes datés du 31 décembre 1871 au 3 décembre 1880).
  • Maître Gédéon Bart (actes datés du 27 janvier 1884 au 13 mai 1904).
  • Maître Hyppolyte Dupont (actes datés du 25 novembre 1904 à 1912).

Au début du XXème siècle, les familles protestantes étaient nombreuses à Monsireigne. Malheureusement, entre Catholiques et Protestants, les rapports étaient souvent très difficiles, voire conflictuels. Au conseil municipal, il y avait des quotas pour les élections en fonction du nombre de représentants des  deux religions. Cette coutume dura même après la guerre 39-45.

Toujours au début du même siècle, il y avait deux sociétés de Secours Mutuel. L’une était laïque et l’autre catholique. Les misères de la guerre 14-18 assouplirent les esprits et les deux sociétés fusionnèrent.

Écrits : Raymond Daviaud – 2010

  

43- Le prix Nestlé

Le Prix Nestlé de 50 000 francs
Comme on le sait, la Maison Nestlé attribue chaque année un prix départemental d’une valeur de 50 000 francs à une famille nombreuse particulièrement méritante. Cette année, le choix s’est porté sur la famille Légé-David résidant à la Gare de Monsireigne.
Mr et Mme Legé-David ont eu 14 enfants dont 12 sont actuellement vivants: Marie-Ange, 28 ans, marié à Mr Robert Favreau, ouvrier carrier; Marcelle, 27 ans, aide-infirmière à l’Hôpital départemental de la Rioche; Léone, 25 ans, qui aide sa mère dans les travaux ménagers; Gabrielle, 23 ans, employée de maison chez Mr Vilneau, avocat à la Rochelle; Robert, 22 ans, ouvrier cimentier, actuellement au service militaire; André, 19 ans, ouvrier cimentier; Gérard, 17 ans, apprenti maçon chez Mr Giraud, à Monsireigne; Renée, 14 ans; Michel, 13 ans; Marie-Thérèse, 11 ans et Yvette, 7 ans qui, tous les quatre, vont en classe.
Mr Legé père, travaille aux carrières de la Meilleraie-Tillay depuis 1933. C’est donc avec les modestes ressources de sa paie d’ouvrier que Mr Legé et son épouse ont dû faire face aux lourdes dépenses qui leur incombaient.
Leur mérite est d’autant plus grand qu’ils ont eu à honneur d’élever leur enfants et à leur donner une situation en rapport avec leurs moyens.
Nous ne pouvons que nous réjouir du prix qui leur est décerné et les féliciter pour leur amour du travail, l’esprit de sacrifice et de dévouement ainsi que le véritable sens éducatif qui les anime.

Article d’Ouest-France du 15 juillet 1954, reproduit intégralement.

    

44- La légion d’Honneur.

Quel jour de 1960 pouvait être mieux choisi pour épingler sur la poitrine d’Edmond Chateigner, la légion d’honneur, que celui de ses noces d’or !

Histoire Légion d'honneur 3

Les discours officiels devant le monument aux morts.

Histoire Légion d'honneur 1

Mr Chateigner décoré par le docteur Mignen.

C’est donc en présence de Mme Chateigner, compagne fidèle depuis 50 années de vie conjugale, de leur trois fils: Henri, Constant et Edmond (Ce dernier demeure en cette année 2015 à la Louraie) et de leurs 13 petits-enfants, que M. Chateigner, dimanche matin, a reçu cette décoration des mains du docteur Charles Mignen, vice-président du Conseil général et maire de Pouzauges; en présence de Mme de Chanterac, maire; de l’abbé Charles Minaud, curé de la paroisse; M. Auguste Gourmaud, secrétaire de mairie et président des M.R.R. du canton de Pouzauges; M. Elie Roulleau, président de l’UNC; Eugène Blanchard président des A.C.; Maurice Billaud, adjoint au maire de Monsireigne et des membres du conseil municipal.
Mr Edmond Chateigner naquit le 28 septembre 1883, à Saint-Germain-de-Prinçay, commune voisine de celle où il habite aujourd’hui. A 27 ans, il épousait Mlle Constantine Roulleau de la Louraie, en Monsireigne. Cela se passait en juillet 1910. Un an après, le ménage s’augmentait d’un bébé prénommé Henri. Survint la guerre.  Mobilisé le 3 août 1914, M. Chateigner servit sous les drapeaux jusqu’au 19 mars 1919, prenant part aux terribles combats d’Albert dans la Somme, en septembre 1914 et d’Hébuterne. Puis ce furent les dures batailles de Champagne (1915-1917) et Verdun en novembre 17 où il fut blessé deux fois. Enfin remis quelque peu de ses blessures, ce fut à nouveau l’offensive du mont Kemmel, en Belgique, en avril-mai 1918. Enfin vint l’armistice et le retour au foyer près de son épouse et du petit Henri, qui vit alors « l’arrivée » de ses deux petits frères Constant et Edmond. (Pour situer la famille, en ce jour de novembre 2015, ce dernier, Edmond, vit à la Louraie en compagnie de son épouse Renée. Il est le père de Joël, actuel 1er adjoint au conseil municipal de Monsireigne et Dominique, tous deux agriculteurs à la Louraie).Légion d'honneur

Trois citations ont récompensé le valeureux combattant, citations qui valent à M. Chateigenr la remise solennelle de cette Légion d’Honneur bien méritée.

Au milieu de sa famille, des ses enfants et petits-enfants qui admirent leur grand-père et entouré de ses nombreux amis, M. Chateigner entendit à nouveau le docteur Charles Mignen donner à haute voix la lecture de ses trois citations.

Notons que M. Chateigner est déjà titulaire de la médaille militaire depuis 1933. La gerbe offerte à M. Chateigner a été déposée par lui-même au pied du monument aux morts de Monsireigne.

Puis toute la famille se réunit avec parents et amis pour le joyeux repas des noces d’Or.

Nous renouvelons à M. et Mme Chateigner nos félicitations pour ces noces de diamant.

Source : Ouest-France.

    

45- Les Planteuses Nauleau: « L’Invincible »

Planteuse Naulleau 8

Un certain Léon Nauleau  (sans rapport familial avec René, celui qui a inventé les planteuses) était forgeron dans cet atelier, place du Doué Giraud.

Planteuse Naulleau 6

Le logo de l’entreprise Nauleau. Publicité de 1951 – Agriculture – Ets NAULEAU (Monsireigne, Vendée) – Planteuse repiqueuse  » l´Invincible  » –

 

Les plus anciens agriculteurs se souviennent des planteuses « L’Invincible » fabriquées dans l’entreprise créée par René Nauleau, rue de Rochereau, à Monsireigne.

NB: A ne pas confondre avec Léon NAULLEAU qui tenait une forge depuis environ 1935. Sa forge était installée sur la place du Doué Giraud, au rez-de-chaussée de la maison à droite du bar.

Les ouvriers devant le portail d’entrée. Debout, au 2ème rang, 4ème à partir de la gauche, Pierre JAGUENEAU.

Mr René Nauleau était ingénieur et bricoleur né. Il entendait souvent ses clients agriculteurs se plaindre de la plantation des betteraves fourragères et des choux, une opération dure pour le dos. Aussi, imagine-t-il une machine afin de résoudre le problème. De prototype en prototype, le modèle dit « L’Invincible «  est né, d’abord à un rang puis en double à disques. Une révolution des années 1955-1960 qui est restée à la mode 15-20 ans. L’effectif des ouvriers est monté à plus de trente. Devant le succès, l’usine se situait, rue de Rochereau, l’atelier où se trouve aujourd’hui (2015) le garage automobile de Pierrick Ouvrard.

L’entreprise Nauleau était installée rue de Rochereau. A sa fermeture, c’est l’atelier de tracteurs BARREAU  (vente et réparation) qui a pris la place. Puis, la commune a acheté l’ensemble pour en faire un atelier relais. L’entreprise Gaborit (Menuiserie-Plâtrerie) s’y est installée puis le garage automobile Pierrick Ouvrard actuel (2015- 2018). Depuis, la commune a récupéré cet atelier  pour le mettre à disposition des employés techniques.

Planteuse Naulleau 1

Une planteuse double rangs « L’Invincible »

« J’étais ouvrier polyvalent mais j’étais surtout attaché au chargement » se souvient Pierre Jagueneau qui y a travaillé plusieurs années. « En 1953, on travaillait six jours sur sept, à plein régime ». A noter que Pierre venait travailler à vélo des Herbiers. Un dortoir pour les ouvriers était aménagé au-dessus de l’atelier. Ce local du dortoir existe encore aujourd’hui, en 2015. C’est un lieu de stockage pour la commune.

Lorsque l’usine a fermé dans les années 70, Clément Coutant a continué à vivre dans le local dit « ancien dortoir ».

Article Ouest-France (vers 1955):

« Allez donc voir à Monsireigne, Mr  Nauleau, artisan forgeron. Il vient d’inventer une machine à planter et à semer qui vous étonnera ». Nos paysans ne sont pas gens à s’étonner de peu. De plus, nous savons à quel point ils portent leur dédain sur les nouvelles inventions touchant de près ou de loin l’agriculture, inventions qu’ils acceptent cependant.

Or ici, l’expérience a prouvé. M. Nauleau a déjà fait ses démonstrations et mon Dieu, les choux plantés, les graines semées sont devenus des plants forts, de belle venue et sans qu’aucun d’eux n’ait manqué.

M. Nauleau nous reçoit aimablement aux milieu de nombreux curieux.Histoire Planteuse Naulleau 5

M. Nauleau fait la présentation avec des phrases claires, des mots précis. D’ailleurs, le mécanisme est fort simple et tout greffé sur un seul arbre qui prend son mouvement sur les roues d’entraînement. Celui est réglé par un déclenchement entrainant les pinces caoutchoutées qui, elles, vont prendre le plant sur une tablette et le lâcher au milieu d’un sillon ouvert par deux larges roues tournant de biais. Beaucoup de visiteurs, nous l’avons dit, et déjà quelques commandes, c’est là un magnifique succès qui couronne l’effort d’un jeune artisan de chez nous. Celui-ci vient de faire une demande de brevet. En lui présentant nos félicitations, nous les accompagnons de nos meilleurs voeux.

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Planteuse Naulleau 7

L’atelier de stockage Nauleau est devenu aujourd’hui un atelier communal (2015).

Planteuse Naulleau 4

La chambre où dormaient quelques employés, a servi de logement à l’un d’eux: Clément Coutant, jusqu’aux années 1990.

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46- Le monument aux morts

Le monument aux morts dans chaque commune de France est une idée de l’abbé Daniel Brottier (prêtre des anciens combattants) que Georges Clemenceau a soutenue (Les deux hommes avaient pourtant des idées totalement opposées).Monument aux morts A
Notre monument est situé sur la place de l’église, à côté de l’ancien cimetière déplacé en 1970. Sa construction a été décidée en conseil municipal présidé par Jean Babut, maire, le 1er mars 1925.

Les devis estimatifs s’élevaient à 6 505 Francs 45 et les travaux ont été facturés le 20 décembre par Mr Victor Pasquier, entrepreneur au Boupère. On peut y lire le sacrifice de 48 soldats de la guerre 14-18, 7 soldats de la guerre 39-45.Chaque année, lors des cérémonies commémoratives du 8 mai et du 11 novembre, l’association des anciens combattants en collaboration avec la municipalité, y dépose une gerbe officiellement.

Pour la Grande HISTOIRE:

La commune de Monsireigne est une des cinq communes de Vendée qui, en octobre 1918, se sont portées candidates pour recevoir un exemplaire de la statue de Clemenceau comme celle qui a été érigée à Saint-Hermine . Nous pensons que c’était à l’initiative du maire de l’époque Jean Babut le  maître de la Chauvinière  qui était cousin du grand homme.

La statue de Clemenceau à Sainte-Hermine.

D’où vient le choix ?

Avec sa modestie habituelle, Clemenceau écarta ces cinq propositions de lieux, dans quatre cas parce qu’il jugeait bien petites les communes en question et pour La Roche-sur-Yon parce que sa statue ne pourrait jamais rivaliser avec celle de Napoléon. Il exigea qu’elle fut érigée à Sainte-Hermine et ceci pour deux raisons. La seconde était qu’il avait exercé dans cette commune comme médecin entre 1869 et 1871 et la plus importante fut qu’alors sa statue se retrouverait au croisement de deux grandes routes du département celle qui menait de Nantes à La Rochelle et celle qui menait de La Roche-sur-Yon à Niort.

Inauguration du Monument aux morts le 8 nov. 1925

Texte paru dans la presse locale le 22 novembre 1925.

  « Après deux cérémonies religieuses, catholique et protestante, Mrs Jean Babut, le maire de la commune, entouré de son conseil municipal; Morand Sénateur; de Tinguy du Pouët, député; de Vexian, conseiller général; de Millerin, conseiller d’arrondissement; Chateigner, ont pris la parole devant le monument aux morts et ont glorifié l’héroïsme des enfants de Monsireigne, morts pour la patrie.

  Un banquet très nombreux a suivi et des toasts très applaudis y ont été prononcés par Mr Morand, de Tinguy, de Vexiau et Louis Marchegay, ancien député, maire de Saint-Germain-de-Prinçay.

  Ce dernier a rappelé que son grand-père, Mr le pasteur Germain, qui a habité la commune pendant près d’un demi-siècle, avait déjà pratiqué l’union sacré, en invitant souvent à sa table, à la Chauvinière, le curé de Monsireigne avec lequel il entretenait les meilleurs relations d’amitié ».

 

47- Histoire d’OVNI: mars 1975

Objet Volant Non Identifié (un OVNI)

Nous reproduisons ici cet événement tel qu’il a été traduit dans la presse de l’époque.

Monsireigne est un petit village du bocage vendéen, situé entre Chantonnay et Pouzauges, à une quarantaine de kilomètres à l’est de la Roche-sur-Yon. A proximité immédiate, se trouve le village de Saint-Prouant.OVNI

Déroulement. Il est 22 h 30, le 3 mars 1975, (au 73 rue de Rochereau d’aujourd’hui 2015, il n’y avait pas d enoms d erue à l’époque) quand Mme Michèle David a son attention attirée par des lueurs jaunaâtres qui filtrent à travers les volets de sa chambre. Ces lueurs proviennent, de l’autre côté de la départementale, vers l’ouest. Pensant à des rôdeurs, elle réveille son mari qui ouvre la fenêtre et les volets. Ils observent un halo lumineux sphérique et un halo ovale. De là, des boules lumineuses de couleur jaunâtre montent vers le ciel et semblent éclater. Elles ont un rayon approximatif de 5 mètres, paraissent circulaires et du centre partent des petits rayons. Comme ceux d’un soleil stylisé à la manière qu’en font les enfants, mais très serrés. Au bout des rayons, se trouve une lumière blanche.OVNI 4

Mr Bernard David décide alors de sortir afin de prévenir son cousin qui habite à côté de leur domicile familial et qui est passionné par ce genre de phénomène. Sa femme l’en dissuade. Mr David entend un ronronnement léger, perçu aussi par sa femme. Il est couvert au bout de 10 secondes par le bruit de la chaudière qui se met en fonction. Le volet gauche à moitié fermé semble s’ouvrir par une poussée alors qu’il n’y a pas de vent.OVNI 3

Mr David prend quatre photos. Les trois premières montrent ce qu’il appelle « les boules » qui montaient au ciel. Elles sont de différentes grosseurs sur les négatifs. Sur la quatrième, la lueur du flash électronique utilisé par manque de connaissance photographique par le témoin, a été littéralement rejetée sur les côtés, ne laissant au centre qu’un trou noir incompréhensible. Dans le trou noir, sont visibles quelques détails de paysage de façon très diffuse. Après avoir pris suffisamment de photos, le témoin s’est recouché, laissant là le phénomène après avoir fermé soigneusement la porte. Le lendemain, ayant lu dans Ouest-France qu’un congrès international sur les OVNI devait se tenir en avril à Morlaix, il prend contact avec la rédaction du journal. A Monsireigne, on s’interroge toujours : OVNI ou pas. La question reste posée et les enquêtes des spécialistes n’ont pas apporté de réponses précises !OVNI 2

Un photographe de Chantonnay passant par là en voiture, vit lui aussi les lueurs. Il les prit pour des éclairs de flash !

Les auteurs précisent aussi que quelques autres habitants de Monsireigne vont s’intriguer également de lueurs à la même heure, mais penseront soit à des phares de voitures soit à un orage. Enfin, depuis Saint-Prouant distant de 1 km, trois témoins observent des lueurs en direction de Monsireigne mais ne distinguent aucun détail.

Les experts, pour les journaux spécialisés, ont cherché des traces mais aucune n’a été retrouvée. Il faut dire que le lendemain, il est tombé des trombes d’eau.

 

48- L’ancienne épicerie chez Dédette

Epicerie-SouvenirsHistoire Dédette 1

C’était l’enseigne du magasin.

Lieu incontournable de Monsireigne, rendez-vous de tous les matins, où se font et défont les histoires, l’annonce des bonnes nouvelles comme des mauvaises, avec des moments de joie et de peine partagés dont on ne peut se passer et qui représente la vie même du cœur de la commune.

Bernadette Maudet, plus connue sous le diminutif de Dédette, fait partie de l’Histoire locale. Signe des temps, le passage à l’euro, en janvier 2002, a été, pour elle, une raison de prendre la retraite. Sa mère, Antoinette, a créé son épicerie en 1938. Son père, Alphonse, est parti travailler aux Carrières de Chavagnes-Monsireigne en revenant de la guerre en 1945. Histoire Dédette 6Licencié en 1952, il se décide, à 50 ans, à passer son permis et à compléter l’activité de son épouse en partant chiner avec son camion dans les villages environnants. La chine, à l’époque, consistait à aller vers le client et à lui proposer aussi bien de l’alimentation que de la mercerie ou des sous-vêtements. « A l’époque, j’avais 13 ans, mon père m’a demandé d’arrêter l’école pour partir avec lui. J’étais contente d’aller à la rencontre des gens même si parfois je jalousais les copines qui continuaient jusqu’au certificat » reconnaît Dédette.

« Il fallait savoir être disponible, accueillante, à l’écoute. Si à ces débuts le magasin était ouvert toute la journée, même pendant les repas, tous les jours, au fil du temps, des heures d’ouverture ont été intaurées et respectées » tient-elle à souligner, même avec une demi-journée de fermeture.

Nadia Vignard, dans un espace communal, place du Doué Giraud en 2002, a succédé à Dédette. Elle avait pris la licence du café le 1er janvier 2000, succédant à Manuella Genais. A la fin 2005, Jean-François et Laure Letorec reprennent l’enseigne avec le café jusqu’en novembre 2011. Le café est alors assuré par Pascal Simon depuis cette date. L’alimentation n’est plus en service.

Le magasin a souvent changé d’enseigne. Si en 1938, c’était « Union Vendéenne »; en 1956, il passe sous le nom de « Unico » jusqu’en 1991 où il porte son propre nom « Chez Dédette ». En 1969, la chine s’arrêta malgré la sollicitation des clients. C’est en 1970 que Dédette reprend l’épicerie familiale.Histoire Dédette et sa mère

Ces photos sont des souvenirs encore récents dans nos mémoires. L’épicerie qui avait gardé l’image du début du siècle dernier, a été rénové en septembre 1987. Elle avait pris l’apparence d’un petit commerce.

Histoire Dédette 2

Tous les internautes sirénémontains qui voyagent autour de notre vieille planète, se souviendront sur ces photos, du petit magasin de 20m², avec un décor de caverne d’Ali Baba, après avoir lâché la main de maman pour la première fois, sont allés un peu timides, avec la pièce donnée par maman, acheter leurs premiers bonbons, réglisses, carambars et malabars…..Histoire Dédette 5

 

A droite, Sébastien Giraud, alors enfant, tourne le moulin à moudre le café.

 

 

49- Liste des anciens Maires

Retrouvez la liste des anciens Maires de la commune dans le bas de page du Conseil Municipal en cliquant ici.

 

 

50 – Le chanoine Auguste Billaud (1903-1970).

  La famille Billaud-Mouchard s’installa au Bois-Tiffrais de Monsireigne à la St-Georges de 1932. Elle arrivait de la Chaumerie de Rochetrejoux. « Une seule pièce servant à la fois de cuisine, de salle à manger, de salle de réception et de chambre à coucher » : c’est ainsi que le chanoine Billaud décrivait sa maison natale.Histoire Abbé Billaud 9

Histoire Abbé Billaud 10

L’abbé Billaud, à gauche avec l’abbé Baradivin, curé de Monsireigne devant l’école qui porte son nom depuis 1992.

  Aîné de quatre enfants d’Auguste Billaud et Mélanie Guicheteau, le petit Auguste est né le 1er mars 1903, à la Proutière de Saint-Paul-en-Pareds. Puis la famillel a émigré à Bellevue d’Ardelay, la Chaumerie de Rochetrejoux et enfin le Bois-Tiffrais. Ces petits bourgs du bocage vendéen resteront pour le chanoine Billaud des terres d’amitié.

Il habitait Bellevue lorsqu’il entra à l’école. De cette époque, il gardera des souvenirs pittoresques qu’il aimait beaucoup raconter. A onze ans, ses études primaires terminées, il exprime le désir d’être prêtre. Hélas, nous sommes en 1914 et la guerre éclate. Son père est mobilisé. En 17, son père revient et Auguste peut commencer le latin à la cure du Boupère.

L’abbé Billaud, à droite avec l’abbé Baradivin, curé de Monsireigne

devant l’école qui porte son nom depuis 1992.

Le Petit Séminaire: 1918-1923

Il entre au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers le 5 octobre 1918. Il y restera 5 ans. Ses camarades de cours gardent l’image d’un élève à la parole abondante mais très brillant. Pour l’anecdote, il n’a eu que deux notes (punitions) pendant cette période. Motifs: « A lu son livre de lecture pendant l’étude et a pénétré dans une auberge un jour de rentrée ». Collectionnant les premiers prix, la première partie du baccalauréat vient couronner ses études.

Le Grand Séminaire: 1923-1930.

Le 1er octobre 1923, il entre au grand séminaire de Luçon. « S’il y a un jour attendu avec une inquiète curiosité, c’est bien celui de la rentrée au Gand séminaire » confia-t-il. En 1925, il est appelé sous les drapeaux, au service de l’artillerie de Vincennes. Il profitera de la proximité de la capitale pour parfaire sa culture littéraire en fréquentant la Comédie Française. Ordonné sous-diacre en 1929, il devient diacre à Noël puis le sacerdoce le samedi-saint 19 avril 1930. Il prononce son premier sermon dans l’église de Rochetrejoux le jour de Pâques. La même année, il entre au pensionnat Saint-Gabriel, à Saint-Laurent-sur-Sèvre pour y préparer le brevet élémentaire. En octobre 1930, il est envoyé à la « Catho » d’Angers pour y préparer une licence d’histoire et d egéographie. Il y mena une vie studieuse et ordonnée de prêtre-étudiant.

L’abbé Billaud était un bûcheur. Il travaillait beaucoup et prenait souvent sur son sommeil. Un jour, il tomba malade, dormit 36 heures et se réveilla en bonne santé. Les livres et les archives ne l’accaparaient pas totalement: promenades et coinchées ainsi que le cinéma étaient ses principaux loisirs.

Richelieu 1933-1970.

Jeune licencié, l’abbé Billaud est nommé par Mgr Garnier (nom homonyme d’un autre évêque François Garnier, dans les années 1990) professeur d’histoire et géographie à Richelieu, à la Roche-sur-Yon. Il y restrera 37 ans, jusqu’à sa mort. Il enseignera aussi momentanément à Saint-Joseph, Notre-Dame-du-Roc et l’ISCA. Il laisse l’image d’un prêtre aimable, souriant, quelque peu rapide dans son élocution (au point qu’il trébuchait souvent !), ouvert à la discussion mais très ferme dans ses idées. De lui émanait un attrait assez général, qui faisait qu’en sa compagnie, l’ennui n’était pas à craindre. Ses anciens élèves ont souvenir que ses cours étaient vivants et pittoresques, ne craignant pas d’employer quelques termes d’argot ou de patois. Il a su allier à la science la simplicité, la générosité et le désintéressement. Par ses réparties fougueuses malicieusement succitées, beaucoup d’élèves ont conservé de lui un sentiment d’admiration devant l’étendue de son érudition, l’enthousiasme et la jeunesse d’âme qui le caractérisait.

Il ne reniait pas ses origines et n’hésitait pas à relever sa soutane pour monter sur la moissonneuse puis à prendre à la cave le verre de vin réparateur de fatigue mais aussi signe d’amitié, coutume si chère à son bocage pour ensuite partager un copieux repas avec les siens.

Le chercheur et l’écrivain. Histoire Abbé Billaud 4 Histoire Abbé Billaud 3

Histoire Abbé Billaud 2

A sa tâche d’enseignant, s’ajoute son rôle d’aumonier de prison puis la recherche du passé. Très tôt en effet, son goût de l’histoire et son amour de la Vendée l’ont poussé à se pencher sur l’histoire et en particulier, sur celle de son pays, la Vendée. Chercheur infatigable, travailleur acharné, spécialiste de l’histoire religieuse de la Vendée pendant la Révolution, il était dangereux de le contredire à la légère. De cette passion, va naître une série d’ouvrages au style alerte et clair.

  • La guerre de Vendée (Fontenay-le-Comte 1945)Histoire Abbé Billaud 8
  • La Vendée sous le Directoire (Fontenay 1945)
  • Lutte de Géants ( Paris 1952)
  • Au coeur de la Vendée et du Poitou ( Paris 1953)
  • Richelieu (Luçon 1957)
  • Prêtres martyrs de la Vendée ( Luçon 1957)
  • Monseigneur de Coucy et la Petite Eglise ( Poitiers 1957)
  • 1793 – La guerre du bocage vendéen ( Fontenay 1960)
  • Grand-mère (Fontenay-le-Comte)
  • Un évque en exil : Mgr de Coucy en Espagne (Thèse non imprimée)
  • Guide historique et touristique de la Vendée militaire (Fontenay 1966)

Le couronnement de cette oeuvre est assurément la thèse sur la Petite Eglise soutenue avec talent à la Sorbonne le 19 mai 1962 et qui lui valut le titre de Docteur Es-Lettres avec mention « Très honorable ».Histoire Abbé Billaud 6

En 1957, l’abbé Billaud devient directeur des archives du diocèse de Luçon. Il commence alors une série de monographies sur l’histoire religieuse des paroisses du doyenné de Pouzauges. Le Tallud-Sainte -Gemme (1965) – Pouzauges (1966) – Le Boupère (1967) – Les Chatelliers-Châteaumur ( 1968) – Chavagnes-les-Redoux (1969) – La Flocellière (pas terminée) – Saint-Paul-en-Pareds (pas terminée). Il travaillait à l’histoire religieuse de Monsireigne quand le seigneur rappela son fidèle serviteur le 13 avril 1970, vers les 9 heures du soir, sur la route de Saint-Prouant à Chantonnay, par temps de pluie. Un accident de voiture mettait fin à une vie remplie mais trop éphémère.

« Je n’ai pas le temps ». C’était son continuel refrain. Il est vrai qu’entre le temps consacré chaque jour à la prière, à ses cours et à leur préparation, à ses travaux d’histoire, à ses visites reçues et rendues, à toutes ces heures données aux prisonniers, malades et parents, il lui restait effectivement peu de temps, tout juste celui d’un bridge hebdomadaire avec de vieux amis.

« Je me reposerai plus tard ». Et ce plus tard … est arrivé …

La biographie écrite par Jacques Reverseau en 1970 a été d’un précieux concours.

Ouest-France du jeudi 16 avril 1970

Mercredi, à 15 h, se sont déroulées en l’église de Monsireigne, manifestement trop petite pour contenir l’assistance, les obsèques de M. le chanoine Auguste Billaud décédé accidentellement, victime lui aussi de la route meurtrière.

Histoire Abbé Billaud 11 Sépulture

Une centaine de prêtres, beaucoup de sa génération, occupaient le chœur de l’église parmi lesquels nous avons reconnu Mgr Arnaud, MM. les vicaires généraux Bouet, Hermouet, de nombreux chanoines, MM. Perreau de Launay, Ducept, Rabiller, archiprêtres, etc…

Dans l’assistance: les élèves et professeurs de l’institution Richelieu de la Roche-sur-Yon et de l’ISCA, une délégation des surveillants de prison conduite par M. Gaget et toute la population de Monsireigne à laquelle s’était jointe celle de Rochetrejoux, Saint-Paul-en-Pareds, Pouzauges et du canton.

La messe concélébrée par sept prêtres dont MM. les chanoines Naulin, Guicheteau, Guéry, était présidée par Mgr Paty, évêque de Luçon.

Et c’est une foule très recueillie qui conduisit en sa dernière demeure ce prêtre qui fut aussi un savant et un historien témoin de son temps.

Pour la petite histoire, l’abbé Billaud a été le premier à être inhumé dans le cimetière dit « catholique », route de Réaumur. Auparavant, ce cimetière était près de l’église, place du 11 novembre aujourd’hui, en 2016.